Imprévisible Phideaux Xavier : alors qu'un Number 7 ½ était annoncé depuis deux années, date de la sortie de son excellent dernier album, l'auditeur fan des productions symphoniques de l'artiste américain a vu successivement arriver un album d'œuvres de jeunesse (Friction), un remix de Number Seven, et aujourd'hui un nouvel album concept, Snowtorch, constituant la troisième pierre du cycle entamé avec Doomsday Afternoon.
Avec un line-up une nouvelle fois inchangé, soit une dizaine de personnes, Phideaux nous propose une partition plus courte que d'habitude, composée du titre éponyme divisé en deux longues parties, complété par deux plages annexes, mais totalement intégrées au concept, à tel point que l'on se demande le pourquoi de cette dissociation.
Dès les premières notes de l'album et le premier thème venant titiller nos oreilles, le groupe nous propose son style désormais bien établi depuis Doomsday Afternoon, et confirmé depuis sur Number Seven. Les mélodies sont limpides et collent régulièrement la chair de poule, les accompagnements toujours aussi classieux et les voix judicieusement alternées selon les différents caractères intervenant au fil de l'histoire.
A l'image de Mike Oldfield, Phideaux réussit d'incroyables superpositions de couches sonores multiples, aux couleurs différentes mais dont le résultat harmonique produit moult frissons à qui veut bien se laisser emporter. Et si, à l'instar d'un musicologue, l'auditeur curieux pousse l'analyse au-delà de la simple verticalité harmonique, ce sera pour se rendre compte que Phideaux gère également le contrepoint de main de maître : les thèmes récurrents apparaissent les uns derrière les autres, s'effaçant pour mieux ressurgir au premier ou à l'arrière plan, souvent similaires mais jamais identiques. Ils constituent ainsi une trame à découvrir sur plusieurs niveaux, selon le degré d'implication et de concentration que l'on souhaite y accorder, avec le piano comme guide conducteur, élément de liaison privilégié entre tous les éléments.
Mais alors me direz-vous, tout ceci n'était-il pas déjà présent sur le précédent album ? Et encore sur le précédent ? Et … ? Certes, depuis Chupacabras, Phideaux peaufine son style, au point d'en arriver aujourd'hui à une sorte de continuité d'un album à l'autre, au risque de susciter lassitude par défaut de surprise. Il n'empêche, les sept premières minutes complètement instrumentales de Snowtorch, part II, viennent ici démontrer que notre homme continue de tracer sa route à sa guise... Longue partie progressive sombre et inquiétante, cette section quelque peu décalée par rapport au reste de l'album génère un intérêt nouveau, certes moins immédiat, mais mettant d'autant mieux en valeur la reprise à suivre des thèmes introduits dans la première partie du concept, avant que Coronal Mass ne vienne synthétiser tout cela sous forme d'un raccourci de 2 minutes pour clôturer l'aventure.
Que n'a-t-on déjà dit sur le Phideaux et son incroyable talent ? A relire les chroniques des précédents albums, il m'apparaît compliqué de trouver une conclusion originale, permettant de signaler une nouvelle fois l'excellence de la musique produite par ce génie, apte à coller des frissons à un iceberg, et dont le seul défaut sur ce Snowtorch sera d'être bien trop courte !