Dix ans après leur première effluve de rock sudiste "Here To Save You All" accueilli en grande pompe par la presse internationale, les Suédois de Backdraft se jettent une troisième lampée aux mêmes saveurs de bourbon avec "This Heaven Goes To Eleven" sous l’égide la distillerie GMR. Bien que certains s’accordent pour leur trouver un évident « problème géographique », le quintette de chevelus ne s’angoisse aucunement par de telles considérations, cherchant simplement à capturer « l’essence de quelque chose de plus universel et intemporel ».
Alors que débutent ces tribulations par "Idiot", un rock pétulant chauffé au soleil d’ Alabama et au rythme limitrophe des terres d’AC/DC, le décor qui se grave progressivement au couteau prend des allures que Lynyrd Skynyrd n’aurait pas répudiées (à l’instar de "Out of Here"). L’ambiance se fait plutôt réjouissante, du moins jamais prise de tête, même lorsque le blues de "Even Cowboys Get The Blues" assure une transition plus modérée ou que s’invite la nonchalance de "Wheel of No Fortune" qu’une tendre moiteur vient draper.
La production, surannée comme de vieilles diapositives, donne aux mélodies portées par de nombreux slides et autres effets de guitares, un air d’autrefois ou plutôt d’arrière-pays... Le goût d’une Amérique profonde ancrée dans ses traditions. Jonas Åhlén, lui-même, de son timbre comme façonné à la chique et à l’eau-de-vie, rajoute à cette impression que ces originaires de Stockholm ne sont pas forcément né au bon endroit.
Il n'est pas certain au final qu’avec ce dernier boutefeu, Backdraft confirme un retour de la flamme qui irradiait pour beaucoup autrefois. Ceci dit, à prendre comme une récréation bon-enfant, il y a fort à parier que de nombreux adeptes du genre y trouveront largement leur compte.