À ce niveau de productions (plus de 20 albums), de régularité, et de succès aussi, il devient presque indécent de présenter Uriah Heep, ZE DINOSAURE par excellence qui semble apparemment encore bien vivant, même si les plus jeunes d’entre nous n’auront probablement pas capté le retour inattendu de la bande à Copperfield en 2008.
Bref retour en arrière... Uriah Heep a été le précurseur du métal prog avec son métal unique, couplé à la voix exceptionnelle de Byron, enrobé de chœurs puissants et de riffs d’orgue pénétrants... Un groupe fondateur ! Après des succès et des traversées du désert, est sorti en 2008 un bel album, le bien nommé "Wake The Sleeper". Battant le fer encore tout chaud, les revoilà avec un opus dont on se demande inévitablement s’il va retomber dans la facilité des années 80 ou continuer à dynamiter l’esprit des années 70 !
L'entrée en matière est imparable avec "Nail On The Head", caractérisé par son martèlement de batterie et son riff bien gras. Et la suite est au diapason puisque les quatre titres qui enchaînent sont du Heep bien tissé, gorgés de mélodie, de riffs d’orgue suffisamment affirmés et sans concession. Le son de la basse en impose et la hargne du reste rassure. Le tout, entrecoupé de moments "voix puissante mélo" qui font presque oublier Byron, est simplement impressionnant. Ceux qui ignorent encore le retour en forme et la vivacité du Heep, se doivent de goûter au titre "Into The Wild". Cette plage titulaire est tour à tour violente, puis consentante... Du rythme, un break, des chœurs magnifiques, un vrai régal !
Quelques pépites dans la face plus tard, c’est le très beau "Trail Of Diamonds" avec ses chœurs et sa mélodie sans faille, couplés à une belle rupture de rythme, qui rappelle, toujours sans complexes, les anciens morceaux de bravoure du Heep. Manifestement, les gars sont est en confiance, délivrant riffs pointus ou lourds, enchevêtrés de mélodies entêtantes, comme sur "Southern Star", garni d'un beau solo de gratte. Dans la cascade infernale qui suit, ils nous pondent même un digne successeur à "Easy Leavin' " avec ce "Believe" entraînant et entêtant.
Comme s’il ne fallait aucun faux bond à la fête, il reste le morceau qui va mettre tout le monde d’accord, amateurs de mélodie, de profondeur, de chœurs prenants, de « July Morning » du XXIe siècle : c’est le très accrocheur « Kiss Of Freedom ». Sans parler de musique progressive, le Heep y développe surtout son talent de "melody maker", et se lâche dans un tourbillon final d'orgue orgasmique, accompagné de guitares consentantes. C’est imparable, et probablement un des meilleurs titres du Heep de ces 30 dernières années .
Vous l’aurez compris, le personnage faussement humble de Dickens confirme son retour de 2008, retrouvant sans plus tergiverser ce qui a fait son succès dans les années septante, tout en y intégrant un son moderne et des mélodies à tomber. Uriah Heep est en forme, et ça fait plaisir à entendre !