Il est toujours bon pour un groupe, à fortiori quand celui-ci n’en est qu’à ses balbutiemments, de trimballer un album portant l’étiquette « Parental advisory Explicit Lyrics » et de proposer une délicieuse pochette censurée, un peu comme à la grande époque des Guns ‘N Roses, Love/Hate et autres Skid Row, à la fin des années 80.
Or, en écoutant King Lizard, on pense beaucoup à toute cette scène américaine qui savait tremper son Rock dur dans une saleté bienvenue. Pourtant, les mecs sont britanniques mais ce n’est pas grave, l’esprit est là. Ils ont galléré pendant près de dix ans avant de pouvoir vidanger cette première rondelle mais ce parcours semé d’embûches leur apporte sinon du métier au moins une envie d’en découdre et une énergie communicative.
Ravivant les couleurs du Glam et du sleaze rock, Viva La Decadence ne saurait être confondu avec autres chose qu’une bonne dose de fun, de sexe et de Rock’n’ Roll. Et sans révolutionner ni transcender ses modèles, King Lizard asperge nos oreilles d’un cocktail sexy et survitamminé à base de chant haut perché, celui de Flash Roxx, de chœurs ("Video Lover") ainsi que de riffs saignants ("Kan’t Kill Rock ‘n’ Roll"). C'est cliché mais parfaitement assumé !
Cette brochette de chansons courtes donnent envie d’avaler les kilomètres et de jouer aux mauvais garçons dans un quelconque bouge transpirant l’alcool et le stupre. A leur affaire avec les saillies qui foncent pied au plancher ("Viva La Decadence" et son refrain entêtant qui s’accroche à la mémoire), les Anglais tirent aussi leur épingle du jeu le temps de compositions plus élaborées et travaillées. Ainsi, entre une série de titres dynamiques et enlevés (dont une reprise de "Johnny Be Good"), l’album aligne une poignée de morceaux moins immédiats mais sans doute plus intéressants : "Never Be Mine", que coupe en deux un break étonnant, "Not For Me", ballade obligée non dénuée d’une certaine qualité et le plutôt sombre "Riot", introduit par des notes de pianos et une ligne de basse presque menaçante.
Un brin anachronique et d’une réussite somme toute modeste, King Lizard donne toutefois envie que l’on s’intéresse un peu à lui. Pour cela, il devra néanmoins confirmer à la fois une stabilité enfin arrachée aux contraintes d’une carrière encore en gestation et une créativité qui ne devra plus attendre quatre ans, délai séparant Viva La Decadence de Last Night Dynamite, son premier EP, avant de s'exprimer à nouveau.