Il y a quelques mois à peine, Golgotha, premier (petit) signe de mort de cette entité guidée par les membres du combo de Black Death Psalm, nous avait intrigué à défaut de nous enthousiasmer totalement car une quinzaine de minutes (dont une intro), c'est peu pour identifier (ou non) la valeur d'un projet encore en gestation. Mais une volonté de proposer un canevas malsain et mystérieux s'y dégageait, faisant de Cult Of Erinyes, dont le nom étrange s'inspire de la mythologie grecque, un groupe sur lequel il faudrait peut-être compter à l'avenir. A Place To Call My Unknown le confirme.
Les Belges, s'ils ne s'affranchissent pas encore de références qu'ils ne cherchent d'ailleurs nullement à nier (Watain, Mayhem, Blood Of Kingu...), font émerger d'un socle froid et terreux, un bloc massif aux arrêtes tranchantes et dont les arc-boutants épousent la forme d'un chant fielleux, tour à tour noir ou plus clair, d'un tempo appuyé et de guitares qui sont comme des plaies taillées à vif ("A Thousant Torments").
Scindé en deux par un court instrumental squelettique ("Permafrost"), ce premier album arbore l'austérité rugueuse d'une terre grise, violée par la pluie et le vent. Tendus, les titres martèlent un Black Metal rapide le plus souvent ("Velvet Oppression"), dur toujours. Quand le groupe mise tout sur les atmosphères négatives, s'enfonçant alors dans une mine de charbon, comme il le fait durant le tourmenté "Back Eyelid", il ouvre les vannes d'une noirceur grouillante et seulement alors, touche au but. De là à évoquer une espèce de cérémonie ritualiste comme se plait à le décrire le label, il y a néanmoins un pas difficilement franchissable.
Cela ne fait pas de A Place To Call My Unknown un mauvais disque, bien au contraire mais certainement pas la perle noire rituelle que l'on pouvait s'attendre à trouver. Cette réserve mise à part, ne boudons pas cet album qui, sans être très original, témoigne que le genre a encore des choses à dire dès lors qu'il accepte de s'émanciper du satanisme bas du front et des gimmicks ridicules, quitte à être taxé de prétencieux.
Cult Of Erinyes est détenteur d'un potentiel certain dont on imagine que Golgotha et ce galop d'essai l'ont à peine dépucelé. Les Belges sauront-ils pour autant rivaliser un jour avec leurs influences ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite...