Wolf est de retour avec, dans sa valise blindée, un sixième album répondant au doux nom de "Legions Of Bastards". Ce groupe suédois, souvent considéré, à tort d’ailleurs, comme évoluant en seconde zone dans la sphère Heavy Metal, propose tout de même des albums de qualité. A ce titre, le précédent opus "Ravenous" est tout à fait recommandable aux amateurs de Heavy forgé aux coups de butoirs de la NWOBHM. Bien entendu, "Legions Of Bastards" n’échappe à cette règle que se sont fixés les musiciens de Wolf, qui vraisemblablement ne s’embarrassent pas avec une quelconque forme d’évolution. Voilà qui pourrait servir de point de départ à une critique peu élogieuse envers une formation soudée dont la vertu du propos musical est pourtant loin d’être négligeable.
Cette nouvelle production des scandinaves regorge en effet de morceaux particulièrement percutants, à commencer par l’opener "Vicious Companions" dont le tempo rapide et les descentes de manches annoncent la couleur. La suite de l’album consolide cette impression de force à la laquelle sont associées des influences non seulement européennes mais plus précisément britanniques, comme l’insufflent des harmonies de guitares façonnées à la Vierge de Fer et la brutalité d’un Raven. Mais c’est plutôt vers les canonniers de Birmingham que Wolf semble vouloir de rapprocher de plus en plus.
Des titres à l’image de "Skull Crusher", "Full Moon Possession" ou bien encore "Road To Hell" ne démentiront pas cette attirance vers Judas Priest. Mais le combo suédois affirme tout de même sa propre personnalité au travers de plages plus sombres comme le bien nommé "Nocturnal Rites", ainsi que sur le plus ambitieux et tourmenté "K-141 Kursk". Cependant, l’attrait principal de cet album réside sur le fait que Wolf parvient toujours à tenir l’auditeur en haleine grâce notamment à des breaks bien placés, des soli impeccablement exécutés et des ambiances, certes peu novatrices, mais apportant un vernis essentiel à la qualité d’écoute d’un CD de Heavy Metal. D’ailleurs, la production tranchante et nette de "Legions Of Bastards" se révèle également très persuasive dans ce contexte maculé de décibels.
Avec ce sixième opus, Wolf peut se vanter de fournir un skeud qui n’a pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit, tout en garantissant de passer environ une heure sous le signe du Heavy Metal franc et direct. Alors la recette est peut être usée jusqu’à la moelle, mais son application jubilatoire renforcée par une forte maturité et un élan de modernité n’en garde que le meilleur, et pas seulement pour la fin.