Fondé en 2004 à Hämeenlinna en Finlande, Mist Season voit le jour avec pour objectif d'explorer le spectre musical caché entre le Rock Progressif et la fusion. Riche d'horizons musicaux variés, le groupe possède entre autres un bassiste issu du Jazz Rock, un saxophoniste ayant joué dans un brass band, un prof de guitare et un pianiste classique.
Et aux vues de ce troisième essai nommé "Reflections", il faut avouer que le résultat est assez significatif. La musique de Mist Season est riche, très bien interprétée et bien mise en son. Colorée et ambiancée à souhait, elle attire... puis intrigue.
L'album démarre sur une intro au piano cristallin des plus douces (trois courts titres sont ainsi proposés dans ce format) qui prépare le terrain pour le dynamique et rythmé "Manaos", bourré de sax et de guitare électrique, riche en groove comme en émotion. Il nous ramène droit dans les 70's en gardant une ligne directrice très Jazz-Rock. Arrive ensuite "Defending Hands". Sublimement interprété par Mirja Lissila et au thème clavier/sax très intimiste et nostalgique, il contient l'une des plus belles mélodies de l'album.
A ce stade et en trois titres seulement, "Reflections" nous a emmené dans trois univers différents pourtant forts bien maitrisés et attractifs. Mais voilà que "Lobsterland Groove", riche en accordéon et en ambiance celtique nous emmène encore ailleurs. Très inspiré par un Gwendal, il se transforme avec son clavier progressif et sa guitare électrique en titre digne d'un Kaipa... Réellement particulier mais réussi.
Une fois de plus, l'auditeur est en droit de se demander quelle est l'intention du groupe et où cherche-t-il à nous conduire au fil de cet album. Car par la suite, on retrouve pas moins de deux morceaux qui pourraient être tirés de la B.O du film Shaft : tout y est, le son de clavier, la basse funky, la vieille guitare saturée et le groove dans la mélodie. C'est le cas d'un "Puppet On A Chain" qui mêle ces influences aux premières productions d'un Santana pour un résultat frôlant la perfection et d'un "Chaser" plus vrai que la bande originale. Et c'est encore avec une certaine incongruité que déboule un "Matelda's Song" qui expérimente autour des vocalises de Mirja Lissila associées à des sons de clavier de type human voice et un "Summer Season" dont la complainte de guitare sèche semble attendre le chant posé d'un Françis Cabrel. Parmi ces élucubrations intéressantes se glissent les plus tristes "Promenader" à la mélodie trop naïve et lassante et "Aqua Marine" qui donne dans une SoftSoul frôlant la musique d'ascenseur.
Très riche, fouillée et fourmillante de détails, la musique de Mist Season le sera trop pour certains. Osée et laissant parfois l'auditeur circonspect, elle pourrait l'être trop également pour d'autres. Accordons lui la juste moyenne avec un point en plus pour le talent et les quelques titres forts réussis et souhaitons que le prochain effort soit un plus plus cohérent afin que le groupe puisse trouver le succès qu'il mérite.