Jazz-Core mutant. Voilà comment Step In Fluid qualifie le style de son premier album One Step Beyond. La genèse de ce groupe éclaire sur le sens de ce terme. Harun Demiraslan, guitariste de Trepalium fonde l’idée de ce groupe instrumental comme réceptacle de multiples cultures pour briser les murs d’un communautarisme musical. Rapidement secondé par trois français issus des groupes Klone, Sinscale et Varius Funkus, Harun va donner vie à une musique puissante, riche et entrainante se nourrissant de métal, de jazz, de hip-hop et de funk. Le jazz-core mutant est né.
Qu’on ne se méprenne pas sur le contenu de One Step Beyond. C’est bien une structure métal qui constitue le squelette de cet album. Les ingrédients venant piocher dans les divers autres styles musicaux sont ajoutés intelligemment et parcimonieusement. Dès le premier titre, « One Step Beyond » on entend la vibration très caractéristique de l’accordage bas d’une guitare, signe qui ne trompe pas et promesse d’un gros son chargé en basse. La basse justement, instrument qui sait se faire entendre dans cet album, au même titre que la batterie d’ailleurs, trouve un équilibre parfait entre finesse et puissance. Harun laisse aussi bien parler les cultures dans cet album que les différents instruments qui viennent leur rendre hommage. A l’instar de l’excellent groupe Exivious, évoluant dans un style assez proche, les quatre musicos de Step In Fluid sont aguerris et maîtres de leur instrument. Cela ne veut surtout pas dire qu’ils écœurent l’auditeur de leur virtuosité, bien au contraire. Pour exemple, les soli de guitare sont rares mais gorgés de feeling (« The Bridge »).
La facilité avec laquelle Step In Fluid introduit des effets vocaux qui insufflent une énergie incroyable (« Color »), ajoute des effets funky très série-américaine-des-années-80 («Vicious Connection ») ou incorpore des bruitages hip-hop tutoyant un sax bien lancinant («Smooth ») laisse sans voix. On passe d’un jazz west-coast à la Karizma à un métal qui distribue les harmoniques artificielles sans mauvais goût ni lourdeur. Et bien que chaque composition possède sa propre structure, une grande cohérence d’ensemble existe au sein de One Step Beyond. Le groupe s’amuse même à reprendre des thèmes communs dans différents titres (« One Step Beyon » et « As We Dance »). En 29 minutes tout est dit. Huit titres et rien à ajouter, on reste bouche bée.
Sans vraiment se l’avouer, nous attendions l’album instrumental de 2011 qui nous ferait faire des bonds. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour mettre une oreille dessus. One Step Beyond sera très difficile à remplacer en tant qu’album instrumental, tous styles confondus, dans le cœur de votre serviteur.