Sacred Dawn nous vient de Chicago et aurait déjà commis un premier méfait en 2006, "Gears Of The Machine", réenregistré ensuite avec un nouveau line-up, sous le nom de "Gears Of The Machine: A New Beginning". D’après la bio, le groupe et son leader Lothar Keller seraient fortement influencés par des shredders tels que Malmsteen et les groupes de métal prog comme Symphony X, Iron Maiden ou Queensrÿche.
La première écoute est intéressante, et une impression de nouveauté s’en dégage, tant au niveau de la voix que du son assez brut, peu symphonique, intégrant par contre des sonorités modernes ("Demonlover"). Les guitares sont agréables, sans démonstration inutile, contrairement à ce que certaines influences précitées auraient pu laisser supposer. Les claviers sont seulement là en support, pour souligner ambiances et mélodies ("The Decision"). Manifestement, le groupe tente de sortir du carcan pesant du métal progressif classique et cherche des pistes inventives, l’effort est vraiment louable. Et si les influences des principaux acteurs du genre sont présentes, elles sont intégrées, sans jamais être caricaturales.
Sacred Dawn nous propose en fait du vrai métal prog, sans fioritures, ce qui est rare, plutôt pêchu, souvent inspiré, juste parfois un peu bourrin quand la batterie se fait trop monolithique. Les parentés vont plus vers Queensrÿche, Fates Warning, voire Angel Dust pour la pêche, que vers Symphony X ou Malmsteen. Plus de la moitié des titres aligne allègrement de 6 à 9 minutes et varient les tempos et ambiances. Les mélodies, sans atteindre la qualité des spécialistes du genre, sont suffisamment intelligentes pour s’incruster progressivement dans nos neurones musicaux. Un titre comme "What You Did To Me", un des plus courts, serait d’ailleurs presque radiophonique. Il est aussi l’exemple qu’en moins de 5 minutes, il est possible de cumuler pas mal d’inventivité, tant au niveau des voix, que de la guitare ou des claviers. Une belle introduction au parfum d’Evergrey, influence que l'on retrouve aussi sur le très bon "The Decision".
Le titre d’entrée "The Untold Story" est un compilé de ce que l’on aime dans le métal prog; jamais les notes ne sont prévisibles, mais les variations se succèdent pourtant sans aucune discordance pour se clôturer par à une belle montée en rythme. Une belle pièce ! La plage titulaire avec son riff hypnotique, sa mélodie et son accent thrash donne au groupe une assise qualitative sérieuse. D’autres titres comme "It Shall Be", et son rythme lent, au début innocent par ses claviers, et ensuite de plus en plus pesant, montrent que Sacred Dawn peut officier dans des registres divers.
Parmi les réussites, citons encore "Dawn Of The Day", longue pièce avec de belles parties de guitare, et qui se termine avec émotion sur des accents mélancoliques retenus. Émotion, c’est peut-être là que le bât blesse aussi, car si la plupart des titres sont relativement bien ficelés, rares sont ceux pour lesquels on se relèverait la nuit. En cause, un chant parfois sur-joué (ou quelques raclements de gorge inutiles) et une mise en place technique mais manquant de feeling. Ajoutez à cela, quelques ratés ou incongruités (le break de "Demonlover"), un jeu de batterie prévisible et une production qui manque un peu d’éclat et vous aurez compris que le groupe a une marge de progression certaine.
Mais cet album n’est pas une mauvaise pioche, car il est surtout prometteur. Nul doute que ce groupe pourra imposer un jour sa personnalité en dépassant l’envie de bien faire par l’expression de son talent.