Lors de la sortie de " The Frozen Tears Of Angels" en Mai 2010, nous nous demandions si Rhapsody Of Fire allait retrouver son rythme de composition et s'il allait également confirmer le regain artistique entrevu avec ce 8ème disque studio. La réponse à la première interrogation est largement positive car avant de proposer ce 9ème album, le groupe a sorti fin 2010 un EP d'un titre unique, "The Cold Embrace Of Fear - A Dark Romantic Symphony", durant pas moins de 36 minutes. Et moins de six mois plus tard nous retrouvons donc nos sympathiques amis italiens avec un tout nouveau disque, "From Chaos To Eternity", qui va enfin conclure la saga heroïc-fantasy entamée en 1997. Malgré la rapidité de la composition, la réponse à notre deuxième question est elle aussi positive, Alex Staropoli et Lucas Turilli n'ont rien perdu de leur sens de la composition en matière de heavy-speed symphonique.
Ce nouvel album ravira les amateurs du genre car soyons clairs, si Rhapsody ne révolutionne pas son style, il apporte ce qu'il faut de petites nouveautés pour ne pas lasser ses auditeurs. Ainsi, même si le groupe reste clairement ancré dans le speed symphonique grandiloquent et hollywoodien, il se permet quelques belles cavalcades de guitares et de claviers dans un style néo-classique à la Malmsteen. De plus le côté agressif est encore plus mis en avant, Fabio Lione réservant quelques surprises au chant dans plusieurs registres différents.
L'album commence de manière classique, même si les envolées de guitares mêlées aux claviers amènent aux chansons une touche technique et mélodique bienvenue. Ainsi "From Chaos To Eternity", "Tempesta Di Fuoco" et "Ghosts Of Forgotten Worlds" sont typiques du style du groupe. Il n'y certes rien d'original, mais le tout est parfaitement réussi avec des chœurs énormes, des envolées lyriques et une musique bien speed. De ce point de vue, "Tempesta Di Fuoco" est une belle réussite de virtuosité même si le groupe applique une formule largement éprouvée.
Fort heureusement la suite fait varier les plaisirs et permet à l'auditeur de rester pleinement dans le concept et le disque. Citons tout d'abord la jolie ballade lyrique "Anima Perduta", survolée de main de maître par un Lione impressionnant au chant. Puis "Aeons Of Raging Darkness", véritable bombe passant à la fois par le black-symphonique (sur certaines parties de chants Cradle Of Filth n'est pas loin), le heavy et le speed métal. Avec ce titre ultra rentre-dedans, Rhapsody se lâche enfin et cela lui réussit parfaitement. Dans la même veine, mais en plus symphonique, "Tornado" remue aussi bien son monde avec un chant agressif et des riffs acérés. Enfin, et comme à son habitude, le groupe nous balance un pavé de 20 minutes, "Heroes Of The Waterfall's Kingdom", caractérisé par une ambiance médiévale chantée en italien dans sa première partie puis par des alternances entre passages speed et symphoniques avant qu'une partie plus cinématographique, renforcée par des passages parlés de Christopher Lee et des dialogues entrecoupés d'interludes musicales, ne vienne conclure la saga.
Rhapsody réussit donc encore une fois son coup et confirme son regain de forme qui lui permet de terminer sa grande fresque avec classe. A présent, il sera intéressant de voir évoluer le groupe puisqu'il semble désormais avoir tout dit dans son registre...