La légende ou la vérité veut que ce groupe américain soit né de l'entremise de Ronnie James Dio. En effet, c'est lui qui, en 1980, aurait présenté Joey DeMaio, alors roadie préposé aux basses de Black Sabbath, à Ross The Boss, guitariste à l'époque du groupe français Shakin' Street, qui assurait alors la première partie de Black Sabbath. Toujours est-il que deux ans plus tard sortait dans les bacs "Battle Hymns" le premier album d'un groupe nommé Manowar.
Quand on connaît la discographie de ce groupe qui ne laisse(ra) pas indifférent, écouter cet album pour la première fois peut provoquer une certaine surprise. En effet, ce premier album dénote par rapport aux opus qui suivront, et ce, pour deux raisons majeures. D'abord, contrairement à ses successeurs, cet album souffre d'une production manquant de puissance, pour ne pas dire un peu vieillotte. Un comble pour un groupe qui se voudrait le plus puissant du monde. Ce qui, paradoxalement, contribue aussi grandement à son charme. Ensuite, Manowar n'avait pas encore vraiment trouvé son style. De sorte, que cet album ne présente pas une nécessaire homogénéité par rapport à ses successeurs.
"Battle Hymns" débute étrangement (a posteriori) par "Death Tone", qui en dépit de la virilité de ses vrombissements introductifs de deux roues, se révèle être une composition à forte tendance glam rock. S'ensuit "Metal Daze", un bon titre plus heavy métal et au refrain fédérateur, suivi de "Fast Taker", composition plus speed-métal proche de Motorhead dans la forme. Déboule ensuite un "Shell Shock" plus hard rock à la mélodie vocale prenante et aux somptueux soli de guitare.
C'est à partir du titre "Manowar", devenu un classique du groupe qu'apparaissent les prémices du futur Manowar. Il en va ainsi de "Dark Avenger" et surtout de "Battle Hymns", deux longues pièces musicales épiques de très bonne facture. Enfin, il y a ce premier, et devenu traditionnel, instrumental de basse. Inspiré par Gioachino Rossini, ce "William's Tale" ne s'avère pas inintéressant et s'écoute avec un plaisir et un intérêt certains.
Si avec "Battle Hymns" et à l'exception des quelques titres de fin, Manowar n'avait pas encore réellement trouvé sa personnalité musicale, certains ingrédients sont malgré tout bel et bien déjà présents : une basse omniprésente et le chant captivant et singulier d'Eric Adams. Alors oui, cet opus dénote fortement par rapport à ses successeurs. Il n'en demeure pas moins qu'on tient là un album s'avérant tout à fait plaisant, varié et valant assurément le détour, ne serait-ce que pour la grande qualité de ses compositions. Et puis, rendons lui hommage, il y a cet excellent jeu de guitare de Ross The Boss qui ne s'exprimera jamais par la suite aussi bien que sur cet opus. Ce "Battle Hymns" regorge de bien jolis soli de guitare et s'avère au final un disque chaudement recommandé à tout amateur de bon heavy métal.