Si la période FMisante de la fin des années 80 avait attenté à l’image du groupe, celle plus lourde et agressive de "Metalhead" et "Killing Ground", même si elle n’était pas une franche réussite, avait au moins eu le mérite de montrer que Biff et sa bande étaient capables de se remettre en question pour faire évoluer leur musique. Depuis "Lionheart", Saxon semble avoir trouvé le parfait équilibre entre tradition et évolution. Ainsi, "Into The Labyrinth" avait vu Saxon introduire quelques éléments symphoniques, sans que cela nuise à la cohérence de son Hard-Heavy-Rock Mélodique. Gardant un rythme de production relativement intense, le combo britannique nous offre donc son 19ème album studio avec un "Call To Arms" coproduit par Biff et Toby Jepson (Little Angels) et conservant ce savant équilibre, bien que marquant un certain retour vers les glorieuses premières années de la discographie du groupe.
Le son est à la fois clair et puissant, donnant sa place à chaque instrument, et rendant l’hommage qu’il mérite à Nibbs Carter dont la basse insuffle une sacré dynamique à la plupart des titres. Il faut l’entendre maltraiter son instrument sur le heavy "Back In 79", véritable hymne taillé pour le live et sur lequel Saxon a invité quelques fans à participer aux chœurs. De son côté, la paire Quinn – Scarratt est toujours aussi complémentaire et nous balance riffs et soli acérés, sans oublier quelques duels du meilleur effet comme sur le sombre et puissant "When Doomsday Comes (Hybrid Theory)" sur lequel Don Airey (Deep Purple) vient poser un solo final de ses claviers enflammés. Enfin, Biff et Nigel Glockler semblent ne pas vouloir vieillir, le premier étant toujours capable de pousser sa voix ("Surviving Against The Odds"), alors que le second n’hésite pas à dégainer la double-pédale quand cela s’avère nécessaire ("Afterburner").
A la fois variée et cohérente, la tracklist voit le quintet passer du classique "Hammer Of The Gods", très NWOBHM dans l’âme, puissant et au refrain cinglant, au boogie-Hard-Rock entraînant "Ballad Of The Working Man", rare éclair dans une ambiance générale plutôt sombre, en passant par tout ce que Saxon sait faire le mieux. L’hymne direct et redoutablement efficace ("Chasing The Bullet"), le speed et tranchant "Afterburner", et les titres un peu plus épiques. Il est d’ailleurs à signaler que ces derniers sont ici parfaitement réussis, que cela soit l’accrocheur "Mists Of Avalon" inspiré de l’odyssée Arthurienne, ou le majestueux titre éponyme à la beauté mélancolique.
Rien de révolutionnaire donc dans ce "Call To Arms", mais un savoir-faire à toute épreuve et un groupe en pleine possession de ses moyens, réussissant à captiver l’attention tout au long de l’écoute d’un album vers lequel on revient régulièrement et avec plaisir. D’ailleurs, n’est-ce pas la marque des plus grands que de donner à son public ce qu’il attend sans jamais sombrer dans l’auto-plagiat ni le manque d’inspiration ? Voilà donc une nouvelle preuve que Saxon mérite sa place au Panthéon du Métal au côté des plus grands. Après les superbes derniers opus d’Ozzy, Motörhead ou Whitesnake, la Grande Bretagne peut être fière de ses anciens !