Les canadiens de Borealis comprirent rapidement, après leurs débuts en 2005, que se faire une place dans le milieu des « groupes de Métal Symphonique à chanteuse lyrique » allait être aussi aléatoire que d’entendre une bonne nouvelle dans les titres du journal de 20h. Alors, ils se séparèrent de la demoiselle vocaliste et embauchèrent à sa place un représentant de la gente masculine, en l’occurrence Matt Marinelli. Après un premier album, World Of Silence, qui reçut de bons échos dans la presse, la joyeuse bande nous propose aujourd’hui leur second essai qu’ils ont choisi d’appeler Fall From Grace.
Agrémenté d’une magnifique pochette, c’est ici un opus de « Métal Mélodique à tendance progressive un peu Power sur les bords » qui est offert à nos oreilles burinées par des années de décibels en folie. Borealis navigue en effet entre le Métal Progressif d’un Vanden Plas, d’un Dream Theater (époque Images And Words) ou d’un Evergrey et le Métal Mélodique d’un Firewind ou d’un Sonata Arctica. Il combine de ce fait, dans cette offrande, énergie, mélodicité, agressivité et finesse. Vous pourrez trouver sous cette chronique la preuve de la réalité de ce mélange savant avec la vidéo d’une performance live du groupe que vous offre votre site préféré.
Au programme donc nous pouvons trouver pêle-mêle de gros riffs, une voix parfaitement adaptée insufflant puissance emphatique et douceur au gré de la mélodie, des passages calmes et de très belles harmonies de guitare (dommage qu’un des deux gratteux ait quitté le groupe depuis la sortie de cet opus). Dans les arrangements vient souvent à l’esprit le Dream Theater des deux premiers albums lorsque les américains savaient envelopper leur envie de puissance et de débauche d’énergie d’un voile constant de mélodicité. Cette référence saute d’autant plus aux oreilles que le batteur est loin d’avoir avalé une boîte à rythmes... Quelle technique !
Si aucun titre ne se détache réellement des autres, tout au plus pouvons-nous noter que "Where We Started", "Words I Failed To Say" et "Fall From Grace" méritent une mention spéciale tant ils représentent la quintessence de l’habile mélange des caractéristiques appréciables précitées, tout en faisant remarquer que la ballade "Watch The World Collapse" rappelle le "Chassing Shadows" de Kansas sur Vynil Confessions (mis à part la montée en puissance finale).
Le revers de la médaille de cette linéarité dans la qualité des structures, et c’est bien là le seul reproche que l’on pourrait faire à cette offrande, serait le constat des légères similitudes pouvant être ressenties entre les compositions, surtout sur les premières écoutes. Si la petite bête devait être recherchée nous pourrions ajouter que 44 minutes de musique de nos jours laissent un tantinet un goût de trop peu.
Mais rien de tout cela ne vient véritablement assombrir le tableau de ce bon opus du genre, digne pendant de l’artwork figurant sur la pochette. A réserver aux amateurs des groupes précités qui ne pourront que prendre du plaisir à la découverte de ces canadiens qui pourraient rapidement se faire une place au soleil sur la planète Métal si les vents stellaires leur étaient favorables.