La Grande-Bretagne, qui est le berceau du néo-prog’, vient de temps en temps se rappeler à notre bon souvenir. Ainsi le groupe Credo nous gratifie de son troisième effort (“Against Reason”) en vingt ans d’existence ! Cette relative discrétion dans les parutions a de quoi intriguer l’auditeur, qui se plonge avec curiosité dans l’écoute de l’opus.
L’introduction du premier morceau représente le meilleur de l’album : une longue partie instrumentale, typiquement néo avec ses entrecroisements claviers/guitares, dynamique à souhait, forcément mélodique comme le veut le genre et très bien équilibrée à défaut d’être foncièrement originale. Car dès les premières minutes, l’auditeur averti repère beaucoup d’analogies avec d’autres groupes britanniques - rien de péjoratif ici, les influences sont très bien assimilées. La plus palpable est celle du Marillion des débuts, ou plus encore de l’Arena de “Songs From the Lions’ Cage”. En effet, 'Insane' rappelle fortement 'Jericho'. Le chanteur, avec son timbre et sa diction entre Alan Reed (ex-Pallas) et John Carson (Arena), utilise parfois des récitatifs à la façon d’un Fish , etc ... Un jeu de piste assez amusant, d’autant que le résultat s’écoute très agréablement (à part le répétitif et sirupeux 'Reason to Live', oubliable). Nous avons droit en prime à un joli instrumental porté par une guitare très camélienne, autre référence britannique.
“Against Reason” ne souffre donc d’aucun défaut majeur de conception. Les restrictions sont plutôt sur la dimension des morceaux (six d’entre eux dépassent les huit minutes), ce qui ne serait pas un problème si de nombreuses longueurs ou répétitions ne venaient délayer l’intérêt du propos musical. D’une façon générale, les parties instrumentales apparaissent souvent trop courtes par rapport aux parties chantées, plus longuettes. Il y a par exemple six couplets/refrains dans 'Conspiracy', et 'Ghosts of Yesterday' aurait probablement pu être ramassé de façon plus efficace, ses 13 minutes s’étirant dangereusement.
Voilà donc un album qui n’est pas sans rappeler “4” du groupe 'No Name'. Bourré de bonnes idées mélodiques, assumant parfaitement de grandes et bonnes influences. Toutefois, à la différence des Luxembourgeois, le propos n’est pas suffisamment compact pour imposer une adhésion sans faille. Dommage, quand on voit les qualités mélodiques incontestables de l’album et le soin apporté aux arrangements...