Contrairement au premier album, majoritairement inspiré des expériences les plus dissonantes de King Crimson et relativement monolithique tant sur le tempo toujours très rapide que sur les nuances fortissimo, "Unique" permet à Qumma Connection de nous montrer une palette plus diversifiée de ses capacités.
Pourtant, l'album commence dans la même veine que le précédent avec les deux frères jumeaux 'Hysteria' et 'Euforia' : le premier titre assez lourd essaye de jouer sur la noirceur et l'angoisse, n'atteignant que partiellement son but. La musique manque de nuances et l'ajout des vocalises nasillardes et répétitives de Maikka Liuski n'apporte aucun supplément d'âme, ni sur ce titre, ni sur les autres sur lesquels elle intervient par ailleurs. Avec 'Euforia', la musique se fait moins grinçante et sombre que sur le titre précédent, mais use toujours des mêmes ficelles : une rythmique en force, un tempo enlevé, et des claviers qui jouent un air répétitif.
Mais, à partir du troisième titre, Qumma Connection abandonne enfin son free jazz à l'emporte-pièce pour explorer d'autres territoires bien plus envoutants, ne revenant à ses vieux démons (c'est le cas de le dire) que sur le chaotique 'Demonia'.
Si 'Control' ne convainc pas complètement malgré son introduction toute en finesse portée par un violoncelle lead sur arpèges de Warr guitare, 'Unique' fait office de point d'orgue. La musique trouve enfin le temps de se poser l'instant d'une pièce lente où le violoncelle solitaire s'exprime sur de délicates nappes de claviers. Le morceau évolue doucement vers plus de symphonisme, les mélodies sont toujours étranges, mais pas obligatoirement dissonantes. 'Unique' introduit les variations qui faisaient tant défaut aux autres titres et d'où nait l'émotion.
'Shining Bright Black II' retient lui-aussi l'attention : très expérimental, il se révèle plus inquiétant que discordant avec ses voix trafiquées et son tempo lugubre. A l'inverse 'Ra Sole' nous entraine dans un curieux mélange de jazz rock, space rock et folklore sud-américain, où la multiplicité des thèmes et des influences rend la lecture du morceau peu instinctive, mais dont les ambiances très travaillées peuplées de mouvements qui se développent en de lents crescendos captivent. De même, 'Hymn Of The Extinct Volcano' se déroule lentement sous forme d'hymne, répétant la même phrase musicale en l'étoffant de plus en plus, le thème intimiste du début montant crescendo jusqu'à la fin du morceau.
Si "Arabesque" semblait tourner en rond autour d'excellentes idées, "Unique" se montre bien plus séduisant en sachant intelligemment diversifier ses atmosphères et travailler ses nuances. Cet album s'adresse cependant aux amateurs de musiques torturées, ne reculant pas devant de nombreuses écoutes avant de pouvoir en apprécier toutes les subtilités.