Le label Avantgarde et la France, c'est une longue histoire entamée il y a longtemps avec des entités cultes telles que Nehëmah ou Dark Sanctuary. Sans doute les Italiens trouvent-ils dans ces groupes en marge la dimension émotionnelle qui a toujours guidé leurs choix. Après Caldera et son doom instrumental indéfinissable, Ixion vient rejoindre cette litanie d'artistes hexagonaux aussi rares que précieux.
Pour ceux qui ont découvert le trio avec sa séminale démo Through The Space We Die, cette association n'a rien de surprenant, celle-ci répondant à la plupart des critères recherchés par la structure italienne : une approche sinon orignale au moins personnelle d'un genre (ici le doom death), l'authenticité et surtout une palette d'essences en guise de combustible.
Comme son nom le suggère, To The Void a quelque chose d'un trip plus cosmique que spatial, oeuvre froide et mystique qui allie la tristesse du Doom caverneux à la beauté evanescente du metal atomsphérique voire quasi symphonique parfois ("Rebellion"). Là où on aurait aisément imaginé quelques caresses féminines, seul un organe masculin, noir ou plus clair, sert de fil conducteur à ce voyage envoûtant. Plus que les guitares, ce sont surtout les nappes de claviers mangeurs d'espace, qui servent à dresser ce monolithe vertigineux vers des cieux insaisissables.
Corollaire de cette texture synthétique, la musique peinte par les Français s'envole souvent aux confins d'un funeral doom dans ce qu'il a de plus éthéré. Moins torturé qu'un Esoteric dont il est de toute façon difficile de faire plus abyssal, moins halluciné et inhumain que Darkspace, Ixion se veut surtout plus accessible, ce qui ne signifie absolument pas qu'il soit de moindre qualité même s'il ne partage pas encore avec ses aînés cette géniale démesure.
Mais To The Void égrène une sorte de beauté teintée de mystère que seules des écoutes qu'aucune interruption ne vient perturber, permettra de faire jaillir d'une masse aux contours flous et vaporeux. De fait, cet album se ressent, se vit, il joue sur les émotions, les atmosphères qui vous toucheront ou non. D'une poésie lunaire pour certains, probablement ennuyeux pour d'autres, Ixion, projet très personnel à l'instar de la plupart de ses compagnons de label, séduira autant qu'il divisera. Mais pour qui est sensible à ce Doom atmosphérique et cotonneux plus aérien que désespéré, c'est le décollage assuré vers des sphères célestes.