Le retour de Jani Lane au sein de Warrant n’aura duré que le temps de quelques concerts. En effet, dès que le quintet a attaqué l’écriture de son nouvel opus, les divergences artistiques entre le chanteur et ses compères ont refait surface de plus belle. Car si Lane cherche à coller à l’actualité musicale, la paire fondatrice Turner / Dixon préfère quant à elle rester fidèle au Hard-Glam Rock qui fit l’immense succès du groupe à ses débuts. Pas sûr cependant que Warrant ait perdu au change, car c’est Robert Mason (Lynch Mob, Cry Of Love) qui reprend le poste de vocaliste, et son organe puissant et un brin éraillé a de quoi séduire les fans du groupe.
S’appuyant donc sur leur nouveau frontman, Turner et Dixon nous pondent un nouveau recueil de titres nous renvoyant directement à la fin des années 80 et à leur lustre passé. Que cela soit dans un registre dynamique et entrainant faisant la part belle aux riffs simples et accrocheurs ("Sex Ain’t Love"), intégrant quelques composantes blues survitaminées ("Cocaine Freight Train"), ou dans l’incontournable domaine de la ballade renforcée par quelques nappes de cordes qui touchent le cœur sensible des hardos ("Home", "Tears In The City"), les Américains font preuve d’un savoir-faire incontestable. Difficile de résister à l’envie de taper du pied sur le légèrement syncopé "Sanke" ou de chausser les lunettes de soleil sur le sympathique "Innocence Gone", titres qui renverront certains d’entre nous une bonne vingtaine d’années en arrière.
Malheureusement, les membres du groupe ont eux aussi dû encaisser ces années supplémentaires sous le capot, et s’ils sont capables d’accélérer le tempo avec talent ("Show Must Go On"), ils semblent ne plus pouvoir maintenir le rythme trop longtemps, ce qui entraine la multiplication de titres calmes qui interviennent assez rapidement dans la tracklist. Et même si chacun d’eux est généralement bien troussé, que le quintet excelle aussi bien dans le domaine de la power-ballade ("Found Forever") que dans celui du mid-tempo ("Life’s A Song"), allant même jusqu’à grignoter sur les plates-bandes d’un Danger Danger ("What Love Can Do"), l’intensité de l’ensemble finit par subir les conséquences du trop grand nombre de titres de ce genre.
Dommage car la fin d’album reprend un peu de poil de la bête avec quelques brûlots de la trempe de "Candy Man" ou "The Last Straw", ce qui laisse à penser qu’avec quelques titres en moins, ce "Rockaholic" aurait gagner en cohésion et en dynamisme. Il n’en reste pas moins un album fort sympathique pour tous les amateurs du genre et pour tous les nostalgiques de cette époque pas si lointaine où il était de bon goût de se promener le long des routes maritimes, lunettes de soleil sur le nez et cheveux au vent, avec quelques albums de ce genre musical dans l’autoradio, dont le volume sonore était suffisamment poussé pour attirer l’attention de jeunes demoiselles à l’épiderme doré par les rayons estivaux.