Dropshard est un groupe italien fondé en 2007 autour d’un noyau dur composé de Sébastiano Benatti, Tommaso Mangione et Alex Stucchi dans une formation initale instrumentale avant l’arrivée en 2008 du vocaliste Enrico Scanu puis d’un claviériste récemment remplacé par Marco Zago. Ce "Anywhere But Home" est une suite épique en 8 parties enchaînées pour 36 minutes d'intense musique.
L’introduction - et le final ("Look Ahead" et "Look Behind") - lance l'album sur de bonnes bases. Le titre est essentiellement construit sur un simple duo voix/claviers tout comme "Again", baigné d'harmonies vocales, dans lequel la guitare acoustique (tenue par le chanteur) remplace les claviers.
Le morceau éponyme débute sur un mid-tempo rapidement brutalisé par des passages métal pas trop agressifs. La voix d’Enrico se place déjà comme une des grandes forces de cet album puisqu’elle évolue dans un registre qui lui sied parfaitement (à l’image d’un Marco Gluhmann). Ce sentiment d’allégeance au néo-prog teinté de 6 cordes puissantes est confirmé avec "Images Of Mind". Le piano ouvre alors la boîte à malices pour offrir une montée en puissance tout au long des 6 minutes caractérisée par un mix accentuant la lourdeur. Le travail fait sur les chœurs dans le break central est tout à fait splendide avant le court et puissant soli du guitariste.
Mais ce n'est pas fini ! Le palpitant monte encore d’un cran avec "A Cold Morning", composition émotionnelle qui se dote d’un soli sous forme d’un duo guitare/flûte apportant une toute autre dimension à la deuxième moitié du titre suivie de la pièce maîtresse (encore une !), "Changing Colours", et son introduction basée sur un son typique de claviers qu’utilisait en son temps Clepsydra. La construction rythmique syncopée se rapproche plus d’un groupe luxembourgeois qui n’est plus en activité depuis peu. Le calme break central chargé en bruitages n’est là que pour introduire la décharge électrique qui se profile pour un final largement dédié à la 6 cordes de Sebastiano Benatti. S'ensuit "A New Beginning", plage plus orientée métal qui permet au chanteur de pousser plus haut son registre vocal et de confirmer tout son talent. Une fois de plus la partie centrale construite sur des nappes de claviers permet de positionner un rappel au thème de l’épique avant un redémarrage rythmique sur les chapeaux de roues. Plus anecdotique, le titre bonus "Freedom Supermarket" qui donne l’occasion à chaque instrumentiste de montrer ce qu’il sait faire, fait plus office de fourre-tout que de morceau à part entière.
Mix entre Sioban, No Name, Clepsydra pour le penchant néo-prog et Sylvan pour la partie métal, "Anywhere But Home" est une oeuvre dont il est bien difficile de se défaire. Dropshard nous fait ici une offrande de grande classe qui devrait certainement finir dans mon Top 5 de l’année. Vivement la suite...