Dans la masse actuelle et fraichement revigorée de l’AOR, il semble parfois bien difficile pour le fan de faire son marché pour peu qu’il cherche à s’éloigner des célèbres et incontournables franchises. Certaines formations sortent du lot par le biais d’invités célèbres, de musiciens talentueux ayant fait leurs preuves dans le circuit, d’un fameux compositeur ayant connu son heure de gloire dans les 80’s et bien d’autres tour de mains encore, certains parfois plus que douteux.
David Roberts lui, est un peu tout cela en même temps. Talentueux chanteur de Rock à la voix inusable, cet homme a composé pour de nombreux artistes de Rock et de Pop, et ce dès les 70’s. Il sort un premier album en 1982 nommé "All Dressed Up", sorte de bible sous exposée mais Must dans un genre Westcoast Music et AOR. Il suffisait alors de lire la liste des musiciens l’accompagnant (Jeff Porcaro, Mike, Porcaro, Steve Lukather, Jay Graydon, David Foster, Greg Mathieson, Paulinho Da Costa, Bill Champlin, Joe Chemay et Tom Kelly) pour se faire une idée du contenu. 26 ans plus tard, il publie son second album, un "Better Late Than Never" au titre évocateur. Cette même année sort au Japon un pot-pourri de fonds de tiroirs jamais utilisés à ce jour et une fois de plus savamment nommé "Missing Years". Pourquoi avoir attendu trois années pour nous en faire profiter en Europe ? Voilà une question obscure que nous allons subtilement zapper !
Toujours est-il que cette compilation de titres exclusivement composés par le maître en dehors d’un exotique "Run Back" très familial qu’il partage avec le célébrissime Randy Goodrum n’est pas mauvaise en soi, même si l’étalage de noms célèbres évoqués au fil des titres dans les commentaires du booklet fait un peu racoleur. Citons par exemple : "Misunderstood" a été enregistrée avec un cher ami Arnold Lanni….. ”Forbidden Fruit” m’a été inspirée durant l’écriture d’un album de John Waits … j’imagine très bien Steve Lukather et Jeff Porcaro groover sur "Gone But Not Forgotten"… Fergie Frederiksen a récemment proposée une version très personnelle de ce “Love Waits For No-One”. Un peu racoleur nous disions donc, et ceci ne sont que quelques morceaux choisis.
Pour faire court, cet album aux compositions de bonne facture et riche en ballades (pas moins de sept) est assez sympathique même s’il reste très difficile de savoir qui fait quoi dans tout cela en dehors du chant. Le mixage permet de gommer les différentes ambiances, époques et prises de son afin de rendre l’ensemble plus cohérent et la musique dans tout cela dégage une impression générale de satisfaction devant la somme investie (téléchargeur illicite nous te pointons du doigt !). Si vous avez aimé le Toto période "The Seventh One" (la voix de Roberts est aussi angélique et douce que celle de Joseph Williams) avec toute l’idéologie et sa musique ultra maitrisée, léchée et bien produite qui en a inspirée des centaines, cet album ne vous décevra pas.
Vous l’aurez compris, aucun cliché n’est évité ici mais face à une telle impression de sincérité et de maitrise du sujet (et une bonne louche de nostalgie pour faire foncer le tout), il est très facile d'apprécier le charme de "Missing Years". Nous ne saurons par contre que vous conseiller vivement de vous tourner vers ses deux albums antérieurs, bien plus solides en accompagnement musical, plus vivant et cohérent à la fois.