Après dix ans de silence, le groupe suédois Pär Lindh Project revient avec un nouvel album studio intitulé "Time Mirror" et une toute nouvelle formation puisque, hormis Pär Lindh lui-même, aucun des musiciens de l'opus précédent "Veni, Vidi, Vici" ne participe à ce disque.
Stylistiquement, Pär Lindh Project est un curieux mélange d'Emerson, Lake & Palmer et de Yes. D'ELP, Pär Lindh Project emprunte les déferlements de claviers assurés avec une maestria impressionnante, le format en trio claviers / basse / batterie, un goût certain pour les structures classiques et une légère tendance au pompiérisme. De Yes, il adopte le chant haut perché et les développements aériens, non dénués parfois eux aussi d'une emphase un peu pompeuse (après tout, personne n'a su dire qui, de Keith Emerson ou Rick Wakeman, avait l'ego le plus surdimensionné).
La symbiose de ces deux groupes avait tout d'une promesse… Malheureusement non tenue. La faute n'en est pas à l'interprétation puisque Pär Lindh est réellement impressionnant derrière ses claviers et tient la comparaison avec ses illustres ainés. Il saute de l'orgue au piano, du piano au synthé, du synthé au clavecin, pour revenir au piano après être passé par les orgues d'église à une vitesse qui donne le tournis. La basse véloce de William Kopecy, bien mise en relief par la production, est réjouissante et si les quatre batteurs qui se relaient le temps des quatre titres ne font pas oublier Carl Palmer ou Bill Bruford, ils rivalisent avec Alan White.
La faiblesse tient plutôt dans la composition des morceaux. Les deux premiers titres sont un vrai maelstrom de mélodies qui s'enchainent à un rythme infernal. 'Time Mirror' est un titre virevoltant, riche et symphonique dans lequel trop d'idées juxtaposées un peu artificiellement laissent l'impression d'une course de vitesse où chaque musicien cherche à prouver sa virtuosité, au détriment de l'émotion. 'Waltz Street' avec son piano bastringue est teinté au début d'un humour décalé à la Flower Kings mais réussit le tour de force de perdre son auditoire par ses brutaux changements de mélodies en moins de 5 minutes. 'With Death Unreconciled' reste à peu près fidèle à une identité mélodique tout du long et sombre moins dans la démonstration, sauf dans les deux dernières minutes. Mais le chant manque d'ampleur et la musique est toujours à la limite du pompiérisme. Enfin, l'instrumental 'Sky Door' développe une mélodie spatiale gentillette et un peu dépassée.
Au final, "Time Mirror" est un album qui s'écoute facilement, et même par moment flatte l'oreille, mais dont le côté superficiel ne donne pas forcément envie d'y revenir.