Tout commence avec "Dawn", instrumental ultra pesant qui en moins de trois minutes, met tout le monde d'accord et ouvre le premier coup de poing longue durée de Nephalokia de la plus puissante des manières. La plus désespérée aussi. On sait dès lors que Sunshine sera un album écrit à l'encre noire. La suite le confirme.
Au confluent du Post-Hardcore, du Post-Metal, du Metalcore et d'un Death moderne, le collectif toulousain fait déjà preuve d'une maîtrise insolente, à défaut d'une personnalité encore suffisamment affirmée, qualité qui, sans aucun doute, viendra avec l'âge et l'expérience. Jeunes gens en colère, ils moulinent avec cet album un concentré de tension interne ou plus explosive. Durant trois quart d'heure, jamais ils ne relâchent la pression, nous assenant un bloc de matière brut dont les arcanes s'enfoncent dans un substrat minéral où coule le fluide d'un désespoir absolu. Les guitares sont le vecteur principal de cette profonde mélancolie qui court tout du long de ces compositions épidermiques. Douloureux, "The Wake" ou "Vinyan", pour ne citer que deux exemples, illustrent bien cette forme d'inexorabilité que souligne également le chant d'une belle richesse.
De fait, Sunshine a quelque chose d'une peinture désenchantée qu'aucune lueur d'espoir ne vient à aucun moment caresser de sa chaleur salvatrice, hormis peut-être le temps de "Passage", courte respiration cependant empreinte elle aussi de tristesse. Il s'agit d'une œuvre noire dont on sort exsangue mais heureux, avec cette impression d'avoir mis la main sur quelque chose. Bénéficiant d'une prise de son épaisse et écrasante, Sunshine a le mérite de ne jamais sombrer dans la redondance, chacun des morceaux qui le composent, s'il forment un ensemble homogène, adoptant divers angles (mort), diverses expressions. Mais au final, c'est bien une même rage, une même souffrance qui les guident.
Implacable, Sunshine dont la noirceur illustre l'ironie cinglante de son nom, libère un ciel dégagé pour ses auteurs qui devraient certainement faire parler d'eux très vite. Car, on voit mal comment, fort de ce galop d'essai prometteur, le contraire pourrait arriver... On tient sans aucun doute possible un futur ténor du hardcore hexagonal et, pourquoi pas, européen !