Twinspirits est, depuis 2004, le projet de Métal Progressif de Daniele Liverani le clavier d'Empty Tremor et auteur du triptyque musical Genius Rock Opéra. Legacy est leur troisième album. Les deux précédents essais des italiens n'avaient pas fait se lever les foules musicwaviennes : manque d'originalité, répétitif, déjà entendu, voix de faible niveau… Entre ces deux opus Adamsen le chanteur danois avait fait ses valises (on a le bras long chez MW) et avait été remplacé par Nyström un vocaliste suédois, pas plus convaincant que son prédécesseur.
L'équipe est cette fois-ci inchangée et le Métal Progressif de Twinspirits est toujours aussi… Métal et progressif. Les musiciens, dotés d'une technique notable, pourraient fréquenter pendant leurs vieux jours la même maison de retraite que les gens de Dream Theater même s'ils ont tendance à moins en mettre plein la vue, ce qui repose, il faut bien l'avouer. Mais la technique ne remplace pas le talent de composition et c'est bien là que le bât blesse même si des progrès peuvent être notés.
Fabriquer des mélodies qui accrochent est une bien délicate mission. Les groupes de FM et d'AOR ont cette capacité en eux, le style musical l'exige. La réussite n'est pas toujours au rendez-vous mais souvent le but est atteint. Les combos naviguant dans d'autres sphères musicales connaissent plus de soucis avec l'exercice. La plupart d'entre eux cherchent néanmoins à faire naître les étincelles mélodiques qui interpellent l'auditeur. Couplés à la technique et aux variations de rythme, elles sont là pour enjoliver le propos et rendre l'écoute plus digeste.
Sur les six premiers titres, Twinspirits s'en sort couci-couça, trouvant l'inspiration par intermittence. "Senseless" en entrée en matière en est un bon exemple, "Slave To This World" également comme vous pourrez vous en rendre compte avec la vidéo ci-dessous. Par contre, lorsque le groupe ne fait plus d'effort, le ressentiment passe assez rapidement de la case ennui à celle de l'énervement. "Blind Soul" fait partie par exemple de ces morceaux qui donnent envie de passer à la plage suivante aussi rapidement que vous buvez votre première gorgée de bière après l'avoir décapsulée. Les mélopées énervent, il est difficile de saisir pourquoi mais il est possible que cette particularité vienne de la maladresse des tentatives mélodiques, de leur pauvreté, qui font rapidement perdre patience. "Don't Kill Your Dreams", qui ne décolle jamais et se la joue Dream Theater tranquille, peut également être cité dans ce registre. Le rythme de sénateur qui caractérise la plupart de ces morceaux est par ailleurs, à n'en pas douter, un sacré handicap.
Puis vient la pièce néo-classique "The Endless Sleep", 27 minutes au compteur divisées en cinq parties, qui va réveiller une attention en berne. La complexité des constructions est plus cohérente et de ce fait appréhendable, les mélodies ont plus d'impact et l'on navigue entre le Royal Hunt de Paradox et le Queensryche d'Operation Mindcrime... Plus progressive et emplie (enfin) de sensibilité, cette petite demi-heure remonte le niveau général de l'opus.
Sentiment de nouveau mitigé donc sur ce nouvel album de Twinspirits. Il semble que le potentiel soit là puisqu'il peut être présent sur la durée (l'opéra-Rock final), mais qu'il puisse aussi s'égarer en chemin de façon un tantinet incompréhensible. Cela fait trois fois que ces messieurs nous font le coup et si la patience est un gage de sagesse , il ne faudrait pas nous pousser trop souvent sous la douche écossaise car nous finirions par fuir l'hospitalité de ces déstabilisants italiens.