Même s'il ne s'agit que de leur premier album, les musiciens de Tramp ont une solide expérience derrière eux, puisque chaque membre a fait déjà partie de groupes plus ou moins connus, allant du garage rock au punk, en passant par la pop psychédélique et le blues. Le groupe le plus connu est probablement celui du batteur Robert Eriksson, The Hellacopters.
Et en fait le son de Tramp est difficile à caractériser. On sent une large influences des années 70 et 60 sur leur musique et le groupe cite de nombreuses influences parmi lesquelles les Damned, les Beach Boys, The Who. Le chanteur sonne assez comme le regretté Robert Calvert (Hawkwind) avec sa voix medium un peu enrhumée et nasillarde. D'ailleurs la bande à Dave Brock a occasionnellement effleuré le punk et la pop psychédélique, en ajoutant sa patte personnelle (les synthés bizarroïdes, par exemple), notamment sur l'album de Hawklords, conçu davantage comme un projet de Brock et Calvert au départ.
"Indigo" aurait pu sortir il y a plus d'une trentaine d'années, si ce n'était une production plus contemporaine et plus puissante. Douze chansons assez brèves, des riffs simples mais accrocheurs, qui flirtent avec le hard de temps en temps et des parties vocales qui comportent pas mal de chœurs... Voilà l'ingrédient qui rappelle la plus la pop anglo-saxonne de la fin des années 60. On pense aux Beatles, aux Beach Boys, oui mais aussi au premier Pink Floyd, le tout passé à travers le filtre du punk des années 76-78 ! Si les harmonies vocales sont souvent (mais pas toujours) bien lisses et soigneusement conçues, la voix fragile de Markus Karlsson contraste quelque peu avec ces dernières.
Les solos de guitare, peu nombreux, sont assez basiques, mais il serait vache de classer Tramp comme un groupe de punks qui ne savent pas jouer… Les quatre hommes savent aussi faire preuve de subtilité. Il y a d'ailleurs un peu d'orgue et de pianet (un vieux piano électrique de la firme Höhner, comme le clavinet) ici et là, et on remarque l'intervention de quelques invités au violon, violoncelle, aux cuivres, qui enrichissent les arrangements. Globalement on peut dire que l'influence de la fin des années 60 est prédominante, mais le son est souvent plus lourd et plus agressif que tout ce que l'on pouvait entendre à l'époque, si on excepte bien sûr Cream et les Who en concert !
Tout cela est bien sympathique, les mélodies sont accrocheuses et le son fleure bon celui d'années révolues où on ne pensait pas qu'à saturer les enceintes dans une sorte de tir de barrage sonique. Néanmoins la seconde moitié du disque, qui recèle les morceaux les plus basiques et un peu punk, comme "no light" ou "cortina or argentina", avec des guitares parfois un peu sales au son "garage", me semblent moins réussis, malgré les omniprésentes harmonies vocales... "Communication is the key" me rappelle même vaguement le AC/DC de "Dirty deeds" !
Sur la longueur de l'album, on peut parfois regretter le manque de tempos lents et de morceaux plus légers (même s'il y en a un peu). Néanmoins, ne soyons pas trop exigeants. Le propos est de toute évidence sans prétention et "Indigo " fait passer un bon moment en conciliant finalement plus de 15 années de références musicales plus ou moins disparates avec bonne humeur et un certain savoir-faire !