Après le succès national d'"Au-delà du délire", Ange confirme son goût pour le terroir avec Emile Jacotey. Pour ce faire, nos amis vont à la rencontre d'un vieux maréchal-ferrant afin qu'il leur conte les légendes de Franche-Comté.
La verve de Christian Decamps (toujours aussi théâtrale) et la qualité des compositions (mises au service des récits) offrent au disque un ton champêtre et sombre. On y retrouve les influences flagrantes de Genesis et Jacques Brel (Les noces) tout en gardant un esprit bien français (voir Franc-Comtois).
Cette nouvelle épopée confirme le talent du Ange de l'époque. Entre virginité lubrique, fées étranges et nain farceur le disque s'écoule jour après jour jusqu'au morceau "Ode à Emile" qui restera un des hymnes du groupe.
La suite encore plus conceptuelle, malgré de formidable morceaux tout en tendresse érotique (Aurélia) ou plus progressif (Ego et Deus) restera bien abstraite pour la plupart d'entre nous. Mais la qualité d'un véritable artiste atteint l'auditeur comme les rêves touchent à notre imaginaire. Tout est dans cette insaisissable nuance qui parcourt nos fibres quand les poètes caressent nos âmes.
Cet album éclairé par l'esprit de nos ancêtres est une référence dans la discographie du groupe. Il allie le verbe à la musique avec finesse et éveille chez l'auditeur un sentiment de mystère, d'étrange. Le son très 70's ajoute à cette ambiance une texture chaleureuse, presque confidentielle. Ce disque est une véritable réussite tant au niveau des textes que des arrangements ou des compositions.
Grâce à des oeuvres comme celle-là, les frères Decamps sont éternels.