Le fait que l’on croise en son sein les membres de Ewigheim, médiocre groupe de Gothic Metal allemand dont on a pu se demander comment le pourtant respectable label Prophecy avait pu produire les albums, ne nous incite pas de prime abord à nous pencher avec bienveillance sur Marienbad, leur nouveau projet dont Werk se présente comme la porte d’entrée.
Cependant, la présence derrière la console du grand Markus Stock, producteur maison du label cité plus haut qui mérite un éternel respect pour son travail avec Empyrium, ainsi que celle d'Allen Konstanz, son partenaire dans The Vision Bleak, ici seulement derrière les fûts, pourront en attirer certains et ce, d’autant que l’ombre de ce dernier plane par moment sur ce premier essai, le génie en moins.
Basé sur un concept qui se déploiera en deux temps, Werk 1 : Nachtfall, son premier pan donc, disponible à la fois en langue allemande et anglaise sous la forme d’un double cd, s’il surprend agréablement eu égard à la faible inspiration des Teutons avec Ewigheim, possède néanmoins des allures de pandémonium où copulent en une orgie funèbre fragile metal gothique, Doom et Black Metal.
L’entame se révèle plutôt réussie, Marienbad alignant quatre titres qui font mouche. Cela commence avec le long et lancinant "Come To Marienbad" qui s’ouvre sur des notes de pianos lugubres avant qu’un gros riff où se lit clairement l’influence de Markus Stock, ne surgisse. Suivent "Roslins Curse" et surtout "7 In The Lake", sorte de ballade morbide aux teintes nocturnes. Mais après le plus rapide "Night Of Flames" et ses lignes entêtantes, Nachtfall s’enlise par la suite dans la vase d’un Gothic/Black Metal de bien moindre qualité car sans saveur particulière et où se lit malheureusement trop l'influence de Eisregen, autre terrain de jeu du chanteur et du guitariste, formation guère plus inspirée qu'Ewigheim.
Au final, nous tenons là une œuvre en demie-teinte où les bons moments l’emportent de justesse sur les mauvais. Mais là où The Vision Bleak parvient à transcender son Metal fantastique et horrifique et à matérialiser les ambiances ad hoc, Marienbad sombre dans la caricature et sonne presque trop "allemand". Reste que nous écouterons avec un certain intérêt le second volet de ce diptyque.