Dagoba fait partie de ces groupes si extrêmes et si imposants qu'il est bien difficile de les traiter avec objectivité. De fait, soit on adhère rapidement soit on met de côté. Les marseillais débarquent avec ce deuxième album studio, "What Hell Is About", avec encore une fois le grand Tue Madsen aux commandes de la machine de guerre. Après un album éponyme et une poignée de démos relativement bien accueillis, Dagoba enfonce le clou avec ce véritable monstre, qui mérite largement les honneurs. Le metal Français peut être fier de compter dans ses rangs un groupe capable de produire un album d'une telle intensité et d'une telle puissance, termes non usurpés pour qualifier ce "What Hell Is About".
L'intro couverte de hurlements et autres rythmiques fracassantes menées par le jeu sans faille de Franky annoncent la couleur : "What Hell Is About" sera "un hymne à la cruauté" (copyright Alexandre Astier) ou ne sera pas ! "Die Tommorow", "The Fall of Men", "The Man You're Not" sont toutes des explosions de décibels et de sauvagerie. Outre ces classiques pour le groupe, Dagoba se risque à explorer des territoires étrangers qui pourraient paraître hostile au quatuor. "Cancer", par exemple, lâche un peu la pédale de l'accélerateur avec peut-être ce riff purement "slipknotien", mais surtout l'expérimentation plutôt convaincante au chant clair de Shawter. A noter également l'apparition par deux fois de Simen Hestnæs (Dimmu Borgir), sur "It's All About Time" (sans lui, le morceau n'aurait pas la saveur exceptionnelle que lui donne le refrain) et "The White Guy".
Coté déception, "042104" est crédité d'un speech acoustique qui stoppe net l'élan fort bien entamé par le groupe, les morceaux atmosphériques disséminés un peu partout ont tendance à nuire au dynamisme et au punch global de l'ensemble et les parties lyriques semblent sans réel intérêt par rapport au sujet traité. Pour finir, la production et le mix' on tendance à trop mettre Franky et ses fûts en avant.
Comment être percutant sans être lassant ? Comment être hargneux sans passer pour un rebelle des bacs à sable ? Comment être efficace sans copier l'art de ses ainés ? Il suffit de s'appeler Dagoba. A l'instar de Gojira et autres Loudblast, le quatuor marseillais apparait comme l'un des principaux porteurs du blason du métal extrême français.