Si on ne présente bien entendu plus Liv Kristine, l'ex chanteuse d'un Theatre Of Tragedy qui ne se sera finalement jamais remis de son éviction et qui anime désormais son propre groupe, Leaves' Eyes, on connait moins sa soeur cadette, Carmen Elise Espanaes (au physique tout aussi charmant) et ce, malgré une carrière entamée depuis une dizaine d'années avec Midnattsol.
Il faut dire que, là où son aînée multiplie les sorties, la jeune femme aime prendre son temps puisqu'il faut attendre à chaque fois trois ans entre deux signes de vie de son groupe qui mérite franchement plus de reconnaissance qu'il n'en bénéficie, d'autant plus qu'il ne fait que se bonifier au fil du temps et des albums. Si Where Twilight Dwells (2005) était un galop d'essai prometteur distillant un gothic metal aux teintes folkloriques et atmosphériques, Nordlys (2008), certainement grâce au travail derrière la console de Markus Stock (Empyrium, Noekk...), montrait une formation plus mature. Le son y était plus lourd, plus épais.
Malgré le départ peu après son enregistrement du guitariste Daniel Droste, suivant ainsi le chemin de son partenaire Chris Hector dont on s'était toujours demandé ce qu'ils faisaient ici, tellement loin du Funeral Doom nautique dont ils sont les artisans avec le terrifiant Ahab, The Metamorphosis Melody est le témoin d'un groupe qui continue de travailler, d'évoluer et de progresser.
Toujours secondé par Markus, les germano-norvégiens pourront sans doute décevoir de prime abord. Le disque ne livre par ses secrets dès la première écoute, loin s'en faut ; impression renforcée par le fait que le disque ne s'ouvre pas sur les titres les plus notables, quand bien même "The Metamorphosis Melody", "Spellbound" et "The Tide" restent séduisants.
En fait, l'opus monte peu à peu en puissance et en intérêt au fil de ses pistes. C'est donc à partir de l'immense "A Poet's Prayer" et son pont instrumental qui ne manquera pas d'évoquer le Opeth derrière époque, que l'offrande prend toute sa (dé)mesure. Le très beau "Forlorn" sur lequel Carmen pose sa voix quasi spectrale si personnelle avec délice, le progressif "Kong Valemons Kamp", qu'irriguent des lignes de guitares obsédantes, ainsi que "Frovandlingen", qui ruisselle d'une gravité puissante, propulsent la seconde partie de l'écoute vers des sommets.
Certains regretteront peut-être que les touches folkoriques, qui étaient à l'origine d'une bonne part du charme des deux premiers albums, soient ici plus discrètes, hormis le temps de l'intimiste "Goodbye". Pourtant, en creusant un sillon plus technique et franchement progressif, Midnattsol prouve qu'il est définitivement une formation unique et plus intéressante que ce que le genre - le metal gothique à chanteuse - auquel il est arrimé peut le laisser penser. Bien qu'il repose sur une écriture collégiale, le groupe survira-t-il au départ de Daniel Droste, muscien inspiré qui apportait sans doute une profondeur dont on espère qu'elle ne se sera pas en allée avec lui ? L'avenir nous le dira...