Anasazi nous avait surpris agréablement en 2008 avec "Origin(s)". Il était donc logique que nous nous penchions sur ce cru 2011 dont la particularité est d'être en téléchargement gratuit sur le site du groupe (lien en bas de cette page).
Avant tout chose, il est important de souligner que le mix de l’album a pris de l’embonpoint en 3 ans permettant de faire passer d’une manière juste les différentes ambiances du disque : profonde et charnue lors des passages lourds et puissants comme sur "Stanger To Myself" avec son atmosphère pesante et ses guitares aériennes ou fine et fidèle pour les titres plus enlevés tel "Something’s Wrong", très Muse dans l’âme. Ajoutons que Mathieu s’exprime dans un anglais correct et permet de lever la classique appréhension lorsque l’on parle d’un groupe français.
Deux instrumentaux - "Welcome To The Show" et "Shame" - se perdent parmis les 12 titres que comporte la galette. "Jeopardize" distille le son caractéristique du groupe avec ses guitares acérées à base de distos, ses riffs puissants et l'utilisation de contretemps en break central (l’ombre de Porcupine Tree plane)… "This Ain’t Over" et "And" sont à placer dans le même tiroir, avec notamment un coté plus progressif pour ce dernier. "Something Happened" surfe sur un tempo assez calme dans laquelle l’opposition de couplets sages (la voix est presque susurrée) et de refrains puissants fait merveille (souvenir d"un "Let’s Talk About Me" d’Alan Parsons Project).
Deux compositions sortent du lot : "Shine A Light" et la longue pièce "What If". La première est une ballade dans laquelle toute la finesse du groupe se retrouve avec notamment l’utilisation importante du piano et de nappes de synthés. La basse ronronne, l’atmosphère se fait plus charnelle pour un final enlevé et puissant. Ce titre n'aurait pas dépareillé dans la dernière livraison d’Anathema. La seconde, proche des 20 minutes, rassemble quant à elle les recettes savamment distillées tout au long de l’opus : intro au piano, rythme lent et pesant, travail sur les voix, envolées de 6 cordes, break central, changement de rythme… Tout y est pour une composition monumentale, peut être la moins orientée métal. Le groupe a eu la bonne idée de placer "What If" en dernier pour finir en beauté.
Anasazi vient donc de jeter en pature un disque superbement réalisé, remarquablement joué et autoproduit de surcroît. Il serait mérité qu’un vaste auditoire s’intéresse à ce groupe issu de nos contrées et qui se place en embuscade juste derrière des Lazuli ou autre Nemo. Si les fichiers musicaux sont en libre accès, Le CD est en vente sur leur site et je vous invite à les soutenir en vous procurant ce très bon "Playing Ordinary People"…