Comme pour mieux nous laisser prendre le temps d'écouter ses albums et de bien en saisir toute la substantielle moelle, nos amis de Symphony X ont encore pris quatre ans avant de proposer un successeur à "Paradise Lost" qui lui-même arrivait déjà cinq longues années après "The Odyssey". Et c'est donc de nouveau avec une impatience bien réelle que cet album est attendu par les fans. La grande question est de savoir si Symphony X allait poursuivre sur la lancée heavy et souvent thrash mise à l'honneur depuis quelques temps. Car même si le groupe se sent à l'aise dans cette direction musicale, cela a créé des conflits dans son auditoire, d'autant que le tout demandait un effort certain d'assimilation avec un "Paradise Lost" un peu trop riche et dense.
La réponse est largement positive: avec "Iconoclast" le groupe continue sur cette même lancée, mêlant métal progressif et sonorités heavy-thrash. Mais il faut rassurer tout de suite les sceptiques, malgré ce ton ultra puissant, le soin a été mis sur les refrains forts et les mélodies vocales. Russel Allen se fait d'ailleurs plus présent et chante avec une classe et un feeling énorme et se place comme le grand bonhomme de ce disque, sur un pied d'égalité avec Michael Romeo. Il en résulte un disque plus digeste, très bien construit autour de deux longues pièces de dix minutes qui ouvrent et clôturent ce "Iconoclast" et qui en constituent réellement les moments de bravoure, le cœur et l'âme du disque. Mais avant d'y revenir il faut quand même s'attarder sur les chansons qui les séparent car elles sont loin d'être anecdotiques.
D'abord, le groupe frappe fort avec un quatuor particulièrement heavy. Ainsi, "The End Of Innocence", "Dehumanized", "Bastards Of The Machine", et "Heretic" sont typiques du style récent développé par Symphony X. Il n'y a donc guère de surprises, mais la qualité est au rendez-vous avec riffs et soli puissants mais mélodiques, et des refrains parfaits pour être repris en chœur par le public. De plus, cet aspect heavy passe à la perfection grâce à un Allen aussi à l'aise dans les tons agressifs que mélodiques. Puis, avec "Children Of A Faceless God" et "Electric Messiah", le groupe a la bonne idée de calmer un peu le jeu en ralentissant le tempo. Le premier fait particulièrement effet avec son ton plus rock, ses claviers plus présents et un chant à la fois puissant et doux mais jamais trop agressif.
Mais Symphony X frappe très fort avec "Iconoclast" et "When All Is Lost", superbes compositions à tiroirs. La première présente un registre heavy et symphonique, tandis que la seconde se place dans un ton nettement plus calme mais sans être une simple ballade. "Iconoclast" avec ses alternances entre passages heavy et atmosphériques est une réussite, très prenante sur toute sa durée. Mais c'est bien "When All Is Lost" qui sort le plus du lot en apportant de la fraicheur et de la sensibilité avec sa très jolie partie de piano, un chant très doux ainsi qu'un aspect plus rock, très sympathique, et assez nouveau pour le groupe.
Avec "Iconoclast", Symphony X garde donc un excellent niveau de composition et, sans dévier de sa voie musicale, il arrive à ne pas lasser et même à se surpasser. La cohérence de l'ensemble, l'aspect mélodique bien plus en évidence, font de ce disque un grand cru au-dessus de "Paradise Lost", et fort proche de ses toutes meilleurs œuvres.