Sanhedrin est un groupe formé en 1998 par les frères Barness qui, après s'être immergés dans le progressif par le biais de Pink Floyd, ont commencé leur carrière par des reprises de Camel, avant de développer leur propre style depuis 2006, pour aboutir à la publication de leur premier album, Ever After, en cette année 2011.
Dans la tradition juive, le Sanhedrin est l'assemblée législative traditionnelle, ainsi que son tribunal suprême (source, Wikipedia). Et si la musique proposée par le groupe ne semble par avoir pour vocation à nous asséner le jugement dernier en terme de surprise musicale, le côté traditionnel progressif est somme toute bien présent tout du long des huit pièces instrumentales qui composent Ever After.
Inévitablement, les influences caméliennes du groupe sont omniprésentes, et ce dès l'entame où la flûte virevoltante vient emballer des mélodies envoûtantes, portées par les claviers et les guitares au toucher velouté. Loin d'être simplistes, les rythmiques sous-jacentes apportent également leur écot à l'intérêt croissant qui se dégage au fil des minutes, ce dernier se trouvant conforté par les ruptures régulières qui parsèment chaque titre, The Guillotine en étant le parfait exemple. L'epic de l'album, Il Tredici, rappelle là encore les saveurs sucrées des albums des années 70 de la bande à Latimer, et notamment I Can See Your House From Here … le fabuleux Ice n'est pas très loin ! Dans le même esprit, le soli de guitare final de Subriety n'est pas loin d'arracher des larmes d'émotion pure tant cette mélodie, pourtant simple mais magnifiquement interprétée par Gadi Ben Elisha, parvient à toucher le cœur.
Au milieu de tous ces hommages appuyés au chameau, se trouvent deux pièces plutôt décalées : la première, [bi]Dark Age, reprend une saltarello du Moyen-âge en respectant scrupuleusement son caractère mélodique, tout en l'accompagnant d'arrangements modernes, avant que le titre ne bascule vers un jazz-rock fusionnel donnant toute sa couleur progressive à ce qui se révèle être un hommage à un membre disparu de Sympozion. Et puis, une petite respiration classieuse de guitare classique (Thema) permet d'aborder le final de l'album (Steam) qui, une fois encore va nous proposer du Camel pur jus, avant de monter en puissance dans ses deux dernières minutes pour un rush final rythmé et enthousiasmant, prélude à une démarcation future plus marquée vis à vis du modèle référent ?
Amateurs de musique "camélienne", mais pas seulement, amateurs de mélodies enchanteresses et d'ambiances sucrées/salées mais qui ne piquent pas les oreilles, jetez-vous sur cet album. Avec Ever After, Sanhedrin rentre dans le monde du progressif par la grande porte. Il n'est en effet pas donné à tout le monde d'écrire "dans le style de", tout en faisant preuve d'originalité rafraîchissante. Pari réussi en tout cas haut la main par nos Israéliens.