Who's Next est reconnu unanimement comme le meilleur album des Who et figure encore aujourd'hui au Panthéon du rock au titre des œuvres indémodables et, de fait, incontournables. Il est d'ailleurs le seul album du groupe à avoir atteint la première place des ventes dans leur patrie, la Grande-Bretagne (quatrième place aux États-Unis et deuxième en France).
Si quelques uns des lecteurs de cette chronique pensaient ne pas connaître les Who, nous pouvons les détromper en citant les génériques des séries américaines "Les Experts" (dans leur différentes déclinaisons) qui utilisent les 'hits' "Who Are You", "Won't Get Fooled Again" et "Baba O'Riley". Ce dernier titre apparait également dans un épisode de "Docteur House" et "Behind Blue Eyes" dans "Cold Case", ce qui permet d'affirmer que nul n'est censé ignorer The Who !!
Avant d'évoquer le contenu, il n'est pas concevable de passer sous silence le contenant, car l'illustration sur la pochette de l'album est devenue presque aussi culte que la musique. La photo, prise à Easington Colliery5, montre les quatre membres du groupe venant juste d'uriner sur un grand monolithe situé sur un terril. Certains y verront une référence au monolithe découvert sur la Lune dans "2001 : L'Odyssée de l'Espace", mais cette supposition n'a jamais été confirmée par les intéressés.
1971 est une année bénie par les dieux du rock. Ce début de décennie marque un tournant dans la qualité technique qui fait un pas de géant par rapport au 60's. De plus, on assiste à l'intégration des synthétiseurs dans un genre musical où on ne les attendait pas. Ces synthétiseurs, qui vont devenir une composante importante du rock, sont utilisés ici par Townshend de différentes manières : le 'clavecin' de "Baba O'Riley", les cuivres de "MyWife" les cordes de "Bargain" ou l'orgue de "Won't Get Fooled Again".
The Who, c'est quatre musiciens, mais une seul âme, comparable sur ce point à Led Zeppelin. Chaque membre du groupe apporte un constituant indispensable : John Entwistle et sa basse chirurgicale travaillant souvent en chorus avec la guitare, Roger Daltrey et sa voix aussi à l'aise dans les chansons douces que dans les passages les plus violents, Pete Townshend et ses riffs rageurs délivrés à coup de moulinets démonstratifs et, enfin, Keith Moon dont la folie derrière les fûts n'a d'égale que sa démesure dans la vie qui le conduira à une la fin tragique.
De l'enjoué "Baba O'Riley" jusqu'au tonitruant "Won't Get Fooled Again" et son break qui s'achève à 7'43 sur un hurlement d'anthologie de Daltrey, en passant par l'imparable ballade "Behind Blue Eyes", il n'y a rien à jeter dans cet album unique et précurseur. Si vous deviez aujourd'hui découvrir les Who, c'est avec Who's Next qu'il faudrait le faire.