Les membres du groupe suédois Sator ne sont manifestement pas des lapins de trois semaines. Formés en 1981, premier album officiel en 1988, ils connaissent un succès local certain avec leur punk-rock énergique et mélodique, notamment grâce à l’utilisation d’un de leurs hits, "I Wanno Go Home", excellent au demeurant, pour promotionner une marque de bière locale. Mais l’émancipation au niveau international est manifestement plus laborieuse. Le leader Chip Kiesbye n’est pourtant, lui non plus, pas un petit perdreau, il a même un CV impressionnant puisqu’il a produit des groupes reconnus comme les Hellacopters ou The Nomads.
"Under The Radar" est le huitième album du combo scandinave, et débute magistralement avec "Your Ups Get Me Down" qui n’aurait pas dépareillé au sein d’un album comme le "Fanny Adams" de The Sweet. Cette énergie contagieuse, couplée à des refrains bubblegum, impossible de résister ! La suite va fournir une panoplie d’inspirations allant des années 60 à nos jours, enfin pas loin, au max les années grunge. Car ce groupe est un vrai caméléon dont le chanteur peut se transformer allègrement en Joey Ramone ( "Drive Through The Night") ou en Johnny Van Zant ("Wanted : Hope And Pride Before", un hit en puissance), et dont le guitariste n’est pas en reste pour reprendre dans "Under The Radar" un riff rappelant intensément celui de Devo dans "Yocko Homo" ou bien se prendre pour Angus Young dans "Tonight’s The Night". Notons encore, en vrac, les influences marquantes des Kinks, tout au long de l’album mais plus précisément dans "The Get Out", d’Alice Cooper ("When You Lie Down With Dogs") ou même de Calvin Russel et Johnny Cash ("Love Bells"). Toutes ces influences sont sympathiques mais souvent trop marquées, et malgré leur capacité indéniable à écrire des tubes, un manque cruel de personnalité et de cohérence se fait sentir pour espérer que Sator n’accède au niveau supérieur.
L’espoir, même après 30 ans d’existence, est pourtant de mise, non seulement en raison de la qualité et la variété des compos présentées ici, mais surtout grâce à la plage titulaire "Under The Radar", qui vous mène dans une ambiance rock plutôt originale, digérant tant dans la voix que dans la musique, les influences précitées, pour enfanter d'un titre plutôt original.
En attendant, ne nous posons pas trop de questions: il y a de l’incontournable sur cet album, et sur scène, c’est le genre d‘énergie positive qu’il ne faut pas louper. Alors, croisons juste les doigts pour qu’ils envahissent nos contrées comme d’autres avant eux !