Fans de Rock, d'AOR, de guitaristes virtuoses, vous ne pouvez pas ne pas connaitre le nom de Bissonette. Que cela soit Matt le bassiste ou Greg le batteur, ils trainent leurs instruments depuis plusieurs décennies déjà dans le monde du Rock, souvent parmi les plus grands. Déjà en 1986, Greg participait au "Eat Them And Smile" de David Lee Roth. En 2011, il tourne avec Ringo Starr lui-même. Pas la peine de citer ce qu'il a fait dans l'intervalle, ces anecdotes suffisent amplement.
En 1998, Matt décide d'offrir un beau cadeau à son frère en composant 9 titres sur lesquels les plus grands guitaristes de la planète viennent s'épancher. Et il faut bien avouer que Matt Bissonette est aussi bon compositeur que bassiste (écoutez les sons qu'il tire de sa basse sur "You Kill Me" avec Scott Henderson, monstre sacré du jazz fusion ayant joué avec Chick Corea).
Si vous aimez le travail d'un Satriani, d'un Lukather période Los Lobotomys, alors vous serez emballés par les compos ci présentes, sans le moindre doute. On y trouve dans le désordre et en trois chevaux : un "Teenage Immigrant" à la rythmique volontairement pompée sur le Hit de Led Zep, aux couplets jazzy et au solo furieux de Henderson, un "Wildwood" claquant voire oppressant tenu par Andy Summers (guitariste de Police), un "Tribute To Tony" franchement jazzy, un "Vulgar Boatman" gras et lourd à la Jeff Beck qu'illumine Paul Gilbert ou un "You Kill Me" gavé de clavier que n'aurait pas renié Los Lobotomys. Et comment ne pas citer "1920 Shady Dr.", qui symbolise le parfait équilibre entre les amours d'un Lukather fusion et d'un Satriani. Interprété par un autre habitué du Baked Potato, Michael Thompson (retenez ce nom), il clôt avec Maestria cet album riche en couleur et virtuosité. Steve Lukather et Steve Vai, vieux amis des frères musiciens sont présents également. Le premier sur le titre le plus rapide de l'album, fusion gorgé de soleil à la double pédale et le second sur un opener digne des meilleurs titres de "The Extremist" de Joe.
Malgré une distribution éclatante, aucun passage ne sombre dans la démonstration, chacun intervenant pour servir la mélodie, le rythme, la musique. Et si chaque guitariste se voit offrir une large place au sein de son morceau, n'oublions pas pour autant que le maître de cérémonie reste ici le très grand Greg Bissonette. Cet album fera le régal des batteurs ! Et pour cela, pas besoin de solo : Entre rythmique pas piquée des hannetons, breaks sulfureux, reprises jazzy et ces fameuses déconstructions rythmiques et désynchronisations sur des lignes de guitare imperturbable, l'auditeur prend un pied non feint.
Deux reprises viennent agrémenter ce déjà bien bel album. L'une est une reprise du fameux "Frankenstein" d'Edgar Winter sur lequel se greffe l'unique solo de batterie de l'album (et encore, il se compose uniquement d'intro célèbres et rythmique d'anthologie dans lesquelles on reconnait des titres des Beatles, The Who, Led Zep, Toto ou les Stones, un petit quizz très alléchant et sympa); l'autre est le titre final chanté et très convenu qui vient un peu saper l'ambiance excellente développée jusque là.
Après un tel développement, est-il besoin de conclure ? Tout au plus pourrions-nous vivement vous conseiller de vous procurer ce (rare) premier des deux albums solo du batteur blond, il vaut largement son prix !