Bien qu'il soit actif depuis la seconde moitié des années 90, Fredrik Klingwall est un artiste dont on commence seulement à découvrir le talent dont la versatilité n'est pas le moindre des composants. S'il prête parfois sa technique de claviériste à des groupes de Metal pur et dur (du Thrash de Machinery, au Gothic Doom de In Grey sans oublier le Death de Flagellation), on retiendra surtout ses projets personnels où ses instruments règnent en maître, qu'il s'agisse d'Anima Morte dans une veine progressive inspirée des bandes originales de films d'horreur italiens, de Rising Shadows ou sous son propre nom.
Différents les uns des autres, tous nouent cependant une proximité qui trouve son origine dans la prépondérance des atmosphères synthétiques. Après une poignée de démos que le Suédois a bricolé tout seul dans son coin, Rising Shadows fixe son identité à partir de l'arrivée de la chanteuse Linda-Li en 2004. Le style, entre mélopées néo-classiques et pulsations Darkwave, commence à se définir avec une première offrande, Falling Deep Within, aujourd'hui malheureusement épuisée.
Bercé par la voix éthérée de la jeune femme, rythmé par des sons aux accents orientaux que libèrent des instruments tels que le sitar ou le bouzouki, comme sur les perles hypnotiques que sont "Wheels Of Fire (The City Of The Horizon)" ou "Fearless", Finis Gloriae Mundi, le troisième opuscule, est un petit chef-d'oeuvre d'ambiances où le talent d'arrangeur de Klingwall prend toute sa démesure. Tour à tour sombre, à l'image de "Melancolia" ou de "The Diluvian Empire", porte mystérieuse enveloppée par ce chant féminin magique qui vous donne des frissons, invitant l'auditeur à pénétrer dans un monde imprégné de religiosité ou du bien nommé, romantique ("Esechaton") ou plus contemplatif, l'album palpite d'une puissance obscure gigantesque qui atteint son paroxysme lors de la représentation finale et éponyme d'une noirceur orchestrale tellurique.
Les claviers égrenant une grande variéte de sons, entre orgue et nappes Ambient, tissent une toile d'une beauté ténébreuse. Instruments et lignes vocales dont la pureté n'oblitère pas la tristesse dont elle est le faisceau, s'accouplent pour former une immense prière tripante. Car à la différence de nombre d'entité braconnant sur des terres similaires et à la lisière de l'ennui, Rising Shadows sait toujours maintenir l'intérêt chez l'auditeur car sa musique est constamment guidée par des rythmes entêtants. De même, il séduit par une esthétique gothique d'une sombre noblesse.
Finis Gloriae Mundi a quelque chose d'un voyage instrospectif qui vous hante bien après en avoir achevé l'écoute, une écoute qui de toute façon sera démultipliée tant cette oeuvre touche l'âme autant que le coeur. L'insolente inspiration dressée très haut, Fredrik Klingwall vient d'aligner en l'espace de quelques mois à peine, avec le Nightmare Becomes Reality d'Anima Morte et celui-ci donc, deux joyaux confirmant que l'on tient bien là un musicien précieux.