Voilà l'exemple type de groupe qui fait la joie des Américains et qui traverse si difficilement les frontières, taxé de groupe pompeux aux mélodies faciles et commerciales.
Après une série de 3 opus assez réussis, Styx enfonce le clou et réalise certainement sa production la plus aboutie. Ce rock énergique et mélodieux fait la part belle aux parties vocales et aux arrangements léchés. Tout au long du disque, on découvre l'efficacité et la diversité de cette formation. Passant allègrement du rock puissant ("Great White Hope", "Blue Collar Man") aux chansons plus acoustiques ("Sing For The Day", "Lords Of The Ring"), il faudra attendre l'avant dernier titre, "Pieces Of Eight", pour découvrir le groupe à son apogée, personnifiée par un Dennis de Young, à la voix cristalline, soutenu par des choeurs de toute beauté.
Les influences allant de Yes (pour certains choeurs) au rock FM, Styx flirte souvent avec la facilité mais le professionnalisme qui se dégage de cette oeuvre (efficacité des thèmes, qualité des orchestrations et des arrangements, mise en place et maîtrise impressionnante des voix) procure un plaisir agréable de simplicité reposante. Certaines mélodies de toute beauté restent en tête à vie, et l'on réécoute avec plaisir ce disque qui rappellera à coup sur les souvenirs du temps où on le découvrait.
Pour conclure, Styx n'a jamais prétendu révolutionner la musique et les ficelles que le groupe utilise sont parfois des cordes, mais la magie fonctionne grâce à une maîtrise certaine de la composition et des effets mélodiques. "Pieces Of Eight" fait partie des 2 disques du groupe (avec "The Grand Illusion") à écouter pour se faire une idée sur ce phénomène américain plus progressif que Survivor ou Journey mais loin derrière la grandeur d'un Kansas.