Malgré un succès devenu d'estime depuis déjà quelques années, Sepultura ne se rend pas et continue son petit bonhomme de chemin avec ce 12ème disque studio, "Kairos", 6ème de l'ère Derrick Green. Il faut bien parler bien de succès relatif car malgré un net regain artistique, Sepultura peine largement à retrouver une gloire qui semble désormais lontaine, temoin les dernières salles de concert d'assez faible capacité. "Kairos" se présente de nouveau comme un disque concept autour du temps et de l'histoire de Sepultura. "Kairos", qui vient du grec ancien, représente un moment particulier du temps où des choses importantes se produisent.
Sur cet opus, Sepultura officie dans un thrash incisif aux couleurs hardcore, revenant pas mal aux sonorités de "Roorback" et "Dante XXI" mais avec ce qu'il faut de passages plus posés pour ne pas lasser ni se répéter. Le disque est une nouvelle fois construit sur quatre actes entrecoupés d'interludes aux noms de dates.
Globalement, l'album évolue dans une brutalité exacerbée, chaque partie balançant au moins un missile thrashy d'une puissance rare. Ainsi "Spectrum", "No One Will Stand", "Just One Fix", reprise très efficace du tube de Ministry, ou encore "Kairos" et "Seethe" sont-ils de redoutables titres de thrash hardcore qui renvoient la concurrence du genre à ses chères études. Derrick Green est toujours aussi mordant dans ses parties vocales, son ton hardcore n'ayant rien perdu de sa hargne, qui se marrient à merveille aux riffs incisifs d'un Andrea Kisser infatiguable, toujours aussi précis qu'agressif.
Pour ne pas lasser, Sepultura a eu non seulement l'intelligence d'intégrer quelques passages plus calmes dans des titres bourrins comme sur "Relentless", caractérisé par un très bon break plus mélodique, mais il propose en outre des titres sombres et plus heavy tel "Dialog", une superbe composition à tiroirs. Avec "Structure Violence", il signe même un titre assez atypique, mélange savant d'indus, de thrash et de passages expérimentaux et tribaux pour un résultat de qualité.
Sepultura signe donc là un très bon album à mettre dans le haut de sa discographie. Espérons maintenant qu'il retrouve un large public... La qualité de sa musique le mérite amplement.