Il est possible que le nom de David Mark Pearce n’évoque rien à vos oreilles. Pourtant, lorsque vous apprendrez que le bonhomme est ingénieur du son, producteur (Lisa LaRue) et surtout guitariste, qu’il a joué au sein de Union Jane et Naked Feet, et surtout, qu’il a travaillé avec Oliver Wakeman et également avec Arjen Lucassen sur Stream Of Passion, vous admettrez alors que le gars est loin d’être un inconnu dans le milieu du rock. Profitant de son carnet d’adresses fourni, le six-cordiste britannique s’est donc entouré d’une belle brochette de pointures pour l’accompagner sur son premier envol en solo. Et il est certain qu’après avoir constaté les présences de Göran Edman (Ex Malmsteen, Glory, Talisman, etc…) et John Payne (ex Asia, GPS) au chant, de Oliver Wakeman et Lisa LaRue (Lisa Larue, 2KX) aux claviers, de C.S. Brown (Ghost Circus) à la basse, et de Mikael Wikman (ex Vindictiv) à la batterie, ce "Strange Ang3ls" s’annonce sous de bons auspices.
Pour ce premier opus, Pearce et sa bande œuvrent dans un Aor musclé, passant régulièrement la frontière du Hard FM, voire du Hard Mélodique, n’hésitant à flirter avec quelques rivages légèrement progressifs à la Asia, et s’offrant également quelques envolées guitaristiques rendant hommage au maitre des lieux, comme l’intéressant instrumental "Every Time It Rains". Malheureusement, l’ensemble ne décolle que très rarement malgré l’encourageant "Alone I Cry" qui ouvre pourtant l’album sur de bons rails, dans un style ancré dans les années 80 qui n’est pas sans rappeler les premiers albums de Treat. Dommage que la suite ne soit pas à la hauteur, déroulant quelques titres à la limite du lénifiant ("Shelter Me From The Rain") ou s’éternisant inutilement en longueur ("Tell Me Why"), le tout peuplé de démonstrations techniques stériles de Pearce.
Tout n’est cependant pas à jeter et la fin d’album laisse poindre quelques espoirs, semblant trouver enfin sa direction avec un titre éponyme dynamique et surtout, un "Eden Is Burning", morceau le plus abouti, plus lent et lourd, doté d’un refrain accrocheur et voyant le guitariste pondre son solo le plus intéressant. S’il ne réussit pas à transcender tous les titres sur lesquels il intervient, Göran Edman s’en sort assurément avec les honneurs, contrairement à Payne qui donne parfois l’impression de s’ennuyer ferme, en dehors d’un "Save Your Prayers" au refrain simpliste mais dynamique et entraînant.
Voici donc un album qui pourra tout au plus déclencher la sympathie des amateurs d’Aor des années 80 et de la période John Payne d’Asia, sans pour autant atteindre des sommets. Le nombre de sorties intéressantes dans le genre fera donc probablement passer inaperçu ce "Strange Ang3ls" qui prouve une nouvelle fois qu’une liste de grands noms ne suffit pas à faire un grand album.