Roz Vitalis est un groupe qui nous vient de Russie et dont le dernier opus "Compassionizer" date de 2007. Le leader du groupe, Ivan Rozmainsky, qui officie aux claviers, en était à l'origine le seul membre, avant de faire évoluer sa formation vers un trio, puis le quintette auquel nous avons affaire avec "Revelator ", renforcé qui plus est par cinq invités.
Difficile de classer Roz Vitalis dans une quelconque catégorie musicale. Il est même assez malaisé de décrire la musique délivrée par le groupe. Globalement elle se structure autour de thèmes repris en boucle par un ou deux instruments, sur lesquels d'autres viennent greffer des motifs épars, comme si les notes jaillissaient au hasard, donnant à tout l'album une teinte légèrement dissonante. Puis, sans crier gare, un nouveau thème, basé sur le même principe vient se substituer au premier. L'ensemble finit par ressembler à un curieux mélange de Floyd psychédélique (de "The Piper" à "Meddle") et de Magma paisible, saupoudré du jazz-rock triste de Robert Wyatt.
Les instruments sont principalement acoustiques : piano et guitares, complétés au gré des titres d'une flûte, d'une trompette, d'un violoncelle et même d'un basson, ou d'autres encore plus exotiques, tels le shvi, flûte arménienne en bois d'abricotier, le shakuhachi, flûte japonaise en bambou ou le low whistle dont le son se rapproche de la flûte à bec. Côté électrique, la présence d'un orgue Hammond ne passe pas inaperçue.
Bien que tous ces instruments interviennent plus souvent en solistes, duos ou trios qu'en big band, la musique ne prétend cependant pas être intimiste. Elle est certes dépouillée, mais alterne la mélancolie de certains titres ('Revelator', le très beau 'Warm Tuesday', 'Painsadist') à un humour décalé franchement assumé ('Underfrog' et sa drôle de musique de dessin animé), en passant par l'inquiétude qui suinte quelquefois de thèmes lugubres ('Deadlock Of The Deceiver' ou 'Persecuted' dont le final à la trompette sur fond d'accords martelés au piano et coups de timbales sonne comme une marche vers l'échafaud).
Non, décidemment, Roz Vitalis ne joue ni du rock progressif, ni du rock tout court ! Mais il peut plaire à tout mélomane ayant l'esprit ouvert et l'oreille aventureuse, qu'il soit adepte de rock, de classique, de variété ou de jazz. Une musique exigeante mais talentueuse.