C'est encore un triste destin que l'histoire du Hard-Rock nous réserve. Monté au début des années 90 par Greg Hart (Moritz), If Only attire l'attention de Geoff Downes (Asia), au point que celui-ci insiste pour produire leur premier album, et ceci malgré l'instabilité du poste de vocaliste. En effet, après le départ de Larraine Bennington, c'est Jackie Bodimead (Girlschool) qui assure le chant avant de quitter le navire à son tour alors que l'enregistrement a déjà commencé. Heureusement, il arrive parfois qu'un miracle surgisse d'un malheur. En effet, la dernière venue, Tina Egan, démontre des qualités exceptionnelles, sachant moduler son chant, tout en étant capable de le pousser dans des retranchements que peu de ses consœurs peuvent atteindre. Pour se faire une idée de son talent, le mieux semble de s'imaginer la voix de Janet Gardner (Vixen) en plus puissante, avec quelques accents à la Vince Neil (Mötley Crüe). Malheureusement, l'album "No Bed Of Roses" enregistré en 1992 ne bénéficiera d'aucune distribution européenne alors que Tina quittera ce monde en 1999.
Avenue Of Allies, qui semble s'être fait une seconde spécialité de dépoussiérer quelques albums maudits du Rock Mélodique afin de leur redonner une chance de briller, vient d'avoir l'excellente idée de sortir une réédition de cet intéressant opus, rehaussé de quelques bonus, la plupart tirés des séances enregistrées avec Jackie Bodimead. Bien lui en a pris car il aurait été dommage que ce "No Bed Of Roses" et son extraordinaire chanteuse ne reçoivent jamais l'hommage qu'ils méritent. En effet, sans révolutionner le genre, If Only n'en était pas moins un combo talentueux aux inspirations variées. Œuvrant aux frontières de l'Aor, du Hard FM et du Hard Rock Mélodique, le combo britannique passe de l'un à l'autre sans que cela ne choque l'écoute, avec l'efficacité pour mot d'ordre général.
On passe d'un Hard US hyper efficace ("Loaded Gun") à un mid-tempo Aor aux accents de Danger Danger ("If Love Could Last Forever"), d'une power-ballade chaude et puissante à l'accélération finale redoutable ("I'm No Angel") à un Hard FM puissant et efficace ("Rock And A Hard Place"), ou d'un titre à l'ambiance Folk-Rock US, montant en puissance et en intensité sur plus de 6 minutes ("Long Way From Home") à une ballade épurée en hommage à Freddy Mercury ("Man Against The World"), mais l'ensemble reste cohérent, chaque morceau étant doté d'un refrain efficace, fédérateur, renforcé par des chœurs, et de riffs accrocheurs et de soli de qualité, le tout magnifié par le chant de Tina Egan.
Dommage que l'ensemble se retrouve alourdi par les bonus. En effet, sans être ridicules, ces derniers souffrent de la comparaison avec leurs prédécesseurs et allongent inutilement l'album original, lui retirant une partie de son efficacité. "No Bed Of Roses" reste cependant une belle (re)découverte et avive les regrets de constater qu'un tel album et une artiste aussi stupéfiante soient passés au travers d'une renommée qui aurait été largement justifiée. Remercions Avenue Of Allies de nous donner la chance de réparer en partie cette injustice.