Voici le deuxième album de ce quintet de jeunes musiciens d’outre Rhin, après "Masquerade" en 2008. La mouvance de cette musique est typiquement celle du (Pop) (Hard) Rock progressif à la méthode germanique : les cordes électriques montent au front sans détour, et en première ligne. Si vous aimez les sonorités aiguisées et combatives de ces riffs en rangs serrés, "Music Box" est fait pour vous.
Pour autant, même si à priori les nuances mélodiques et évocatrices ont tendance à s’estomper derrière la déferlante de l’instrumentation électrique, l’album évolue au travers d’un habile cheminement progressif, pour peu que l’on se donne la peine d’ouvrir convenablement les oreilles. On découvre alors l’étonnant credo de "Music Box", consistant à varier les rapports entre la forme et le fond : ainsi, 'Flimmern' à l’habillage rock, et 'Black Cloth' pourtant beaucoup plus aérien, ont le même potentiel onirique. Dans cette portion médiane de l’album, on peut également saluer la prestation de 'Polar Bear', vaguement dissonante pour commencer, et aboutissant finalement sur une tirade aussi planante et sombre qu’obnubilante. Une vraie réussite, d’autant que la pause rythmique ainsi ménagée entre les deux parties du projet ne dénature en rien son état d’esprit.
Alors bien sûr, on peut toujours regretter le jeu de la batterie, parfois trop discipliné et aux sonorités aplaties, faiblesse récurrente, constatée sur bon nombre d’autoproductions, peut-être par crainte de s’éloigner d’un schéma narratif où l’asservissement de la partition rythmique est garant d’une certaine sécurité. De même, si la texture vocale de la jeune Sandra Pfeiffer est d’une maturité irréprochable, il n’est pas possible de la décrire comme l’une des plus originales du genre. Sur le territoire musical germanique, préférez le Rock de Central Park si vous êtes adepte de circonvolutions plus audacieuses en la matière. Mais en dépit de quelques lacunes, c’est l’émotion et la conviction de l’interprétation (vocale et instrumentale réunies) qui l’emportent. L’équipage The Nuri s’enflamme corps et âme pour cette boîte à musique ; par moments, on a le sentiment d’un contact scénique immédiat.
En un mot ? C’est un long fleuve... pas toujours tranquille, mais au bon sens du terme. Ne vous privez pas de tenter l’aventure : nos amis allemands ont eu la bonne idée de proposer leur projet en licence Creative Commons ; vous trouverez "Music Box" (et "Masquerade") en téléchargement légal et gratuit, sur le site officiel. Que demander de plus ?