"Undo Me" est le premier album que le groupe parisien White Note a pris le temps de peaufiner. En effet, le quatuor français composé d'étudiants en musicologie s'est formé en 2007 et aura donc patienté quatre ans avant de sortir cet opus.
La structure de l'album est assez symétrique. Le premier et le dernier morceau portent le même titre où nos musiciens facétieux se sont amusés à remplacer les voyelles par des chiffres, et suffixés logiquement d'un #1 pour le premier et d'un #7 pour le dernier. Il s'agit du même morceau instrumental, principalement porté par la guitare mais arrangé différemment : si le titre d'introduction est constitué d'accords plaqués énergiquement sur une guitare électrique, une guitare acoustique vibre plus délicatement sur un tempo légèrement ralenti sur le titre conclusif.
Même effet miroir entre le deuxième titre et le pénultième : des titres au tempo assez lent, une mélodie douce sur laquelle un chant donnant dans les aigus étirent ses syllabes paresseusement, renvoyant indubitablement à Sigur Ros. Puis, chaque titre évolue à sa manière, s'éloignant de la musique des Islandais. 'Undo Me' garde un tempo lent et une mélodie très cyclique, mais le chant de Nicolas Boblin alterne voix de tête et de poitrine, donnant au titre tout son relief. 'Before I'm Gone', lui, abandonne brutalement sa ritournelle amère pour se livrer à un rock instrumental plus pêchu avant que le chant ne revienne, déformé à la manière d'un '21st Century Schizoid Man'.
Enfin, les trois titres au cœur de l'album forment un triptyque qui, tout en gardant une unité de ton, arrive à introduire suffisamment de diversité pour garder captif l'intérêt de l'auditeur. Les mélodies sont souvent constituées d'arpèges qui tournent en boucle, créant un effet hypnotique, mais avec des accélérations de rythmes et de brusques cassures apportant une touche de variété. Si la panoplie instrumentale classique (guitares, basse, batterie, agrémentée d'un harmonica assez discret), couplée à l'effet lancinant des mélodies, pouvait faire craindre une certaine monotonie, la très belle prestation vocale de Nicolas Boblin en évite l'écueil. En effet, celui-ci fait preuve d'une belle maitrise de ses cordes vocales, passant avec naturel et facilité d'une voix médium à un chant aigu, puis à une voix de tête montant dans le suraigu, d'un doux murmure à un chant puissant et clair, un chant lumineux empreint de douceur, de tristesse et de mélancolie, allant jusqu'à rappeler Morten Harket (A-Ha) dans ce qui est certainement le meilleur titre de l'album, 'Faery'.
Proche du post-rock et du rock atmosphérique, White Note se permet parfois quelques détours vers un pop-rock de bon aloi. Il vaut certes mieux être attiré par des musiques nostalgiques et lancinantes pour pleinement apprécier celle du groupe. Mais le disque fait preuve d'une belle cohérence avec des instants de toute beauté. Alors, Why Not ?