Resistor, groupe mené par Steve Unruh, auteur également de productions en solitaire, avait ébloui Musicwaves, mais également la planète prog en 2010, avec la parution du magnifique Rise. Une année plus tard, nos Américains nous reviennent avec un nouvel album, The Secret Island Band Jams, présenté comme une collection d'improvisations totalement instrumentales.
Là où Rise nous proposait des compositions soignées à l'interprétation sans faille, la sortie d'un tel opus peut paraître surprenante, du moins dans sa conception. Car dès les premières notes très électriques de Voyage 7, nous retrouvons tout le talent du quatuor, au service d'un titre tout sauf simple, et dont il est difficile de croire qu'il est issu de simples sessions de jam, tant la rythmique complexe se retrouve aussi bien mise en place.
Alors bien entendu, s'agissant de parties globalement improvisées, les motifs mélodiques vont se retrouver répétés plus fréquemment que d'habitude lorsqu'il s'agit de pièces progressives. Néanmoins, les variations qui plaisent tant aux amateurs sont présentes, de même que les mélodies enchanteresses (Picadora), auxquelles les saillies de violon viennent apporter une coloration toute particulière.
Quelques soli de guitare, tour à tour acoustique puis électrique bien réverbérée (Piezo Fury) enjolivent, telles des guirlandes, les rythmiques sans faille du duo basse/batterie, terriblement efficace, d'autant plus lorsqu'il s'agit de parties improvisées, car formant le socle indispensable à ce genre d'exercice.
Et pour les amateurs de musique un peu plus énervée, pour ne pas dire ceux du grand Rush, jetez donc une oreille sur All Systems Go, petit hymne plus que sympathique qui remuera les méninges les plus embrumées.
Quelques faiblesses sur cet album ? Le doucereux Quirk peut-être, qui vient casser la dynamique du climat ambiant, ou encore le bien-nommé Sleepytime qui traîne en longueur. Mais les partisans à tout crin du combo augureront que tout cela n'est que pour mieux apprécier le plat de résistance qui clôture cette galette, un Double Ascent de 15 minutes bien furieux, qui clôt de fort belle manière un album pour le moins inattendu.
Loin de l'ambition de leur précédente production et de ses compositions élaborées, Steve Unruh et ses collègues nous délivrent un album fort plaisant, dont l'ambiance charmera rapidement l'auditeur qui souhaite découvrir une musique puissante, ni trop simple, ni trop complexe. The Secret Island Band Jams sonne en tout cas, si besoin en était, comme une nouvelle confirmation de l'incroyable talent de ce groupe.