Derrière le nom de Rusty Pacemaker se cache, non pas un groupe, mais un musicien autrichien et son pseudonyme de scène. Rusty propose un tout premier disque, "Blackness And White Light" sur lequel il chante et joue tout les instruments à l'exception de la batterie. La genèse de ce premier opus s'étale sur plusieurs années depuis 2003, et a connu pas mal de modifications pour arriver à cette version finale en 10 titres pour une heure de musique. Nous avons affaire à un rock aux influences heavy et doom, très sombre et caverneux avec des accents lyriques. Vocalement, notre homme chante de manière claire et évoque à la fois Quorthon de Bathory, et Nick Cave pour ces accents quasi-dépressifs et lancinants.
Le résultat donne un disque très sombre et fort peu facile d'accès tant les atmosphères y sont lugubres. De plus, le ton général varie peu, hormis par quelques vocaux féminins. Les titres sont bâtis dans un moule assez semblable et il faut un réel effort personnel et une écoute attentive pour bien se plonger dans l'univers de Rusty Pacemaker. Mais l'effort en vaut la peine car l'univers développé est riche et prenant, sombre et envoutant, rappelant ce que fait Neurosis quand il se fait lent et atmosphérique. Ainsi des chansons comme "Cell", "You Never Had", "The Human Race" ou encore "Blackness And White Light" sont des très bons moments de noirceur aux frontières du doom et du rock. Tandis qu'avec "Waiting For Tomorrow", il frappe un grand coup avec un titre plus accessible avec piano et voix douce. La chanson, très accrocheuse avec un bon refrain, est clairement un des grands titres du disque.
Avec "Amok" et "Mother", Rusty a la bonne idée de marier son chant à une superbe voix féminine, et le résultat est parfaitement réussi, à la fois sombre et planant. De plus, sur "Amok", il signe un excellent break acoustique qui apporte une belle touche de fraicheur. Avec "Mother", il nous balance une longue pièce à tiroirs, lancinante et désespérée, les vocaux masculins donnant dans les graves y contribuant beaucoup, ainsi que le très beau et doux passage acoustique sur le final. Le sentiment de pénétrer un univers intime se fait à ce moment là très intense.
Malgré quelques redondances, Rusty Pacemaker signe un premier effort très convaincant. Le sentiment qu'avec "Blackness And White Light" il nous dévoile son âme est en tout cas très fort. On lui souhaite à présent de continuer sur cette voie et surtout de réussir à garder cette noirceur qui lui sied si bien.