Voilà un bien curieux nom pour un bien curieux groupe. Cette formation de Metal Progressif vient de Teheran, en Iran. Se présentant sous la forme d'un power trio (guitare, basse, batterie), il propose deux premiers albums intéressants et majoritairement instrumentaux et nous pond en 2008 cet "Ustuqus-Al-Us" pour le moins original. Ce dernier se démarque de la discographie du groupe en combinant des éléments de Rock Progressif avec un feeling très personnel et oriental, offrant même des soli de violon et piano.
Cette symbiose donne naissance à une musique assez particulière et singulière. On y trouve beaucoup de violon, de guitare saturée, de rythmiques percussives et très sèches et des sons bizarres échappant aux instruments torturés. Cet ensemble qui se veut très cohérent certes, délivre également des titres parfois difficiles d'accès. C'est le cas d'un "Naught Been I Thou" trop curieux pour être apprécié sur la longueur, ou d'un "My Third Eye" bruyant. Les mélodies et lignes directrices sont parfois bien cachées et décelables qu'au bout de plusieurs écoutes dans ces titres très déstructurés (cette impression est surtout due à une rythmique changeante, véloce et syncopée, comme sur "My Inner Sun" riche en cithare et distorsions en tout genres). Mais le groupe semble assumer totalement cette singularité et en fait un point fort de son album. Seule l'attention et le temps permettront de découvrir, de dompter puis d'apprécier ce réel effort de progression musicale.
Ainsi le groupe nous régale avec l'acoustique "Outer Aeonic Descend" riche en percussions, piano et guitare Folk et son ambiance opaque, à couper au couteau, très cinématographique. Il nous donne à taper du pied durant les échanges furieux de guitare et violon sur l'énergique "Ustuqus Al Uss Avvalin Val Akharin". Toute la force de ce titre réside dans l'antagonisme de l'échange de la guitare saturée et la pureté d'un violon acoustique. Plus loin, c'est le Metal qui reprend ses marques sous la guitare incisive et sale de Salim Ghazi Saeedi avec "Government", une envolée très Hard Rock des origines et gavée de guitare grinçante.
Après une partie centrale plus difficile à digérer (nous l'évoquions plus haut), "Artemis The Huntress" permet de souffler de nouveau avec ses mélodies plus inspirées et tout en bend et le final acoustique assez Folk apaise par sa simplicité et sa fraicheur. Ainsi, le groupe prend-il soin d'effectuer un atterrissage en douceur après un voyage fort intéressant mais parfois mouvementé.
Voilà donc un album recommandable pour tout fan d'un Rock Progressif dans le sens premier du terme.