L’Italie, qui n'en est pas à son coup d'essai en matière de production progressive, nous offre avec Alta Via une toute jeune formation très prometteuse. A noter que leur premier album, nommé "Girt Dog", sort chez White Knight Records, un tout nouveau label qui devrait s'orienter vers les musiques progressives puisqu'il est dirigé par Rob Reed (Magenta) et Will Mackie (Hoggwash).
Le rock progressif d'Alta Via peut être qualifié de néo à l'instar de ses influences dominantes que sont Marillion, Pendragon ou IQ, mais il est aussi empreint d'un symphonisme qui n'est pas sans rappeler certaines formations sud-américaines. Sur cette base assez conventionnelle, certains diront passéiste, nos jeunes italiens construisent des compositions agrémentées d'éléments plus modernes. Le chant, en excellent anglais, est un des piliers de l'originalité de "Girt Dog". Il est principalement assuré par Andrea Stagni (claviers), mais souvent renforcé par l'apport des voix de Marcello Bellina (batterie) et de Mauro Monti (guitares), et parfois enjolivé par les interventions féminines de Betty Copeta et Laura Monti.
Lorsqu'avec "Picture Frame" commence l'écoute de l'album, l'auditeur est immédiatement emporté par une déferlante musicale. Le symphonisme d'Alta Via est généreux en envols, en changements de rythme et en sonorités. Il se rapproche du dernier Kaipa ou d'Unitopia, impression sans doute renforcée pas le chant mixe qui ponctue les huit minutes de cette première piste. La plupart des pistes sont dans ce registre enjoué ("The Circle Gallery", "In Another Way", "I'll Be There" et "Another Lie" avec son intro en italien, histoire de rappeler l'origine du groupe), mais Alta Via nous offre aussi des compositions plus calmes ("My Me And You", "Ghost Caged For Keepsake") qui permettent à l'auditeur de reprendre son souffle agréablement.
Le morceau de bravoure de l'album est composé des deux parties de "Wounded", soit plus de 14 minutes de variations progressives avec tous les ingrédients nécessaires et suffisants à une œuvre ambitieuse et captivante. Malgré une richesse instrumentale impressionnante, le combo italien, aidé par une production très propre, délivre une musique toujours claire, où les instruments sont à leur place sans surenchérir sur le solo du voisin. Les envolées de guitare savent se faire puissantes sans jamais être brutales. Les claviers vous font voyager vers des mondes hauts en harmonie en évitant les envahissements de l'espace sonore qui encombrent parfois le rock néo-progressif.
En bref, Alta Via démontre une fois de plus que l'école progressive italienne est bien vivante, et que la valeur n'attend pas le nombre des années. Ce "Girt Dog" est un premier album plus que prometteur qui propulse ses interprètes au premier rang d'une scène musicale transalpine déjà infiniment riche.