Souvenir, souvenir… Il fut un temps, au début des années 90, où Autopsy représentait une sorte de maître étalon d’un Death Metal bien Gore et bien brutal dans la ligné du groupe Death, dont Chris Reifert (batterie et chant) fut d’ailleurs l‘un des premiers batteurs. Mais l’existence du combo fut aussi bruyante qu’éphémère, et après 4 albums sortis entre 1989 et 1995, le groupe disparu de la circulation, dû notamment à l'absence de reconnaissance commerciale. Quel peut alors être l’intérêt de la reformation d’un tel projet, de nos jours, alors que la popularité du Death est bien moindre que lors de la période précitée ?
Il semble que ce genre de considérations n’ont pas beaucoup effleuré Chris Reifert (batterie, voix) et Danny Coralles (Guitares), qui, fidèles à leurs rôle de bourrins de base, remettent le couvert en 2011 avec un "Macabre Eternal", reprennant les choses ou le groupe les avait laissé, c’est à dire dans le sang. Dès les premières notes de “Hand Of Darkness”, nous sommes plongés dans l’univers lourd et malsain d’un Death Metal old School et primitif. Cela ne suffit pas à vous faire rêver ?
Pour compléter le côté bucolique du tableau, “Dirty Gore Whore”, nous ramène joyeusement aux thématiques chers à ces bardes de l’horreur : un mélange de sang, de sexe, de violence et de boue, le tout sous un déluge de vocaux à donner la chair de poule à un mort vivant, agrémentés de riffs bien gras et bien lourds.
Une lourdeur qui flirte parfois avec des ambiances Doom comme c’est le cas avec le bien nommé ”Seeds Of The Doomed”, mais qui le plus souvent renvoie aux frontières d'un thrash traditionnel. Ainsi le titre « Macabre Eternal” lorgne-t-il du côté de chez Destruction, alors que plusieurs morceaux, et notamment “Always About To Die”, possèdent des parties de guitares rappelant les deux premiers opus de Megadeth.
Et de fait, le groupe délaisse un peu ce Death traditionnel dont il était un des fers de lance pour se rapprocher de sonorités bien plus Thrash. Même le chant, si particulier et agressif de Chris Reifert évolue dans une registre un peu mois stéréotypé que ce à quoi nous sommes en droit d’attendre d’un hurleur Death. Il ne faut pas se méprendre, nous restons là dans un registre très violent qui refoulera tout amateur de chant clair. Mais bien loin de beugler de manière monolithique, le chanteur alterne les styles vocaux, notamment en utilisant des sonorités et des effets sonores assez variés.
Malgré la longueur de ce disque et sa thématique peu réjouissante, celui-ci s’écoute avec plaisir du fait d’une « fraicheur » très agréable. La spontanéité dont semble faire preuve le groupe facilite grandement l’absorption de ce "Macabre Eternal" et, paradoxe des paradoxes au regard du style pratiqué, apporte un peu de « fun » à celui-ci. Loin de se prendre totalement au sérieux, Autopsy apporte une petite dose de dérision et de second degré qui permet de mieux faire passer une musique au final assez primaire. On peut également noter d’excellents soli de guitares qui cassent la monotonie de certains morceaux un peu trop répétitifs et qui pimentent de manière très efficace le propos du groupe.
Loin de s’en tenir exclusivement à un Death Old School, Autopsy à le bon goût de marier les fondamentaux du genre avec des évolutions très bien dosées, ce notamment en matière de vocaux, de durée des titres (“Sadistic Gratification dure 11 minutes ce qui est singulier en matière de Death), ou bien de lourdeur. Grace à ce louable et surtout bien maitrisé effort de diversification, "Macabre Eternal" possède le potentiel nécessaire pour ravir aussi bien les Die Hard Fans qui restent accrochés à un Death « puriste » que les afficionados d’un Thrash bien bourrin.