Il y déjà bien longtemps que Fabio Zuffanti a démarré ce projet parallèle à son groupe d'origine, Finisterre. Après un magnifique album hommage au rock progressif japonais orchestral façon Mugen, le bassiste italien avait sorti un album plus typiquement progressif dans l'esprit des années 70/80 avant d'entamer une sorte de cycle des "quatre saisons". Ce "Summereve" est à la fois le dernier volet de cette série et aussi celui censé en être le premier d'après son auteur !
Derrière "Hostsonaten" se cache donc le musicien mais aussi de nombreux invités dont la liste s'est encore renouvelée ici, avec néanmoins des noms déjà connus comme celui de l'excellent guitariste Matéo Nahum, au style lyrique proche de celui de David Gilmour et Steve Hackett et du batteur Maurizio Di Tollo. Notons ainsi la présence d'un claviériste talentueux équipé d'un énorme arsenal allant du piano au mellotron, en passant par l'orgue Hammond et tout un éventail de synthétiseurs classiques (Luca Scherani) et celle d'un quatuor à cordes, complété par une flûte et hautbois.
Dans ce cycle, Zuffanti a décidé de se consacrer à une musique 100% instrumentale, avec des contrastes parfois saisissants à l'image de ses goûts extrêmement éclectiques. Pourtant, ce "soir d'été" semble plus cohérent et néanmoins varié, ainsi que l'on peut s'y attendre, avec en toile de fond une véritable teinte pastorale et mélancolique.
Curieusement, le premier titre intitulé "Overture" est aussi le plus long du disque avec ses onze minutes qui sont l'occasion d'exposer plusieurs thèmes, dans un format progressif plus ou moins inhabituel : introduction évanescente aux claviers modernes, presque dignes d'un film de SF, qui laisse la place à des percussions ethniques inattendues sur fond de synthés suivi d'un thème nettement plus classique avec des claviers tourbillonnants, l'apparition d'une guitare lyrique au son raffiné digne de Steve Hackett et des chœurs de mellotron…
Le second titre est le seul autre d'une longueur supérieure à la moyenne. "Glares Of Light" est une très belle rêverie pastorale avec une introduction acoustique (piano, violon) aux relents classiques qui évoque quelque peu Fauré, avant que n'entrent en scène la section rythmique lente et que le piano ne soit secondé par un orgue, les chœurs d'un mellotron puis une guitare électrique lyrique. La lente glissade est l'un des plus beaux morceaux de Zuffanti, d'une délicatesse rare. "Evening dance" ressemble plus à du Pink Floyd lent et dramatique mêlé de folk acoustique pastoral, un contraste assez inhabituel. Le morceau est changeant, avec un passage un peu plus rapide et comportant quelques légères traces jazzy au piano et à l'orgue Hammond vieillot.
Comme souvent avec Zuffanti,, il y a des surprises inattendues. Le mélange de sections acoustiques et électriques en est une. Mais l'introduction de synthés très modernes aux textures spatiales à côté des parties acoustiques, comme sur "Prelude To An Elegy" est assez inattendue… Il est vrai que le musicien a depuis longtemps un autre projet parallèle dans un style electro. De même, "Blackmountains", une réinterprétation d'une section de "Toward The Sea" qui figurait sur le premier volet "Springsong" brouille complètement les pistes avec un mélange de guitares électriques puis acoustiques en intro, le tout supporté par des tablas et des synthés planants assez froids et un solo de clavier ! La suite légèrement hispanisante voit l'arrivée d'un violon ! Morceau très original mais difficile à décrire.
Ce qui importe peut-être plus que d'habitude est la relative accessibilité de "Summereve". Le côté jazzy est très rare et le style très accessible ici lorsque ce genre d'influences refait surface. En outre, le saxophone est quasiment absent. "Summereve" est un album varié, mais très mélodique, essentiellement nourri d'influences classiques et à l'aspect globalement orchestral, plus cohérent que "Springsong". Il devrait ravir les amateurs de rock progressif qui ne sont pas spécialement sensibles au jazz et regrettaient cet aspect dans la musique de Fabio Zuffanti.