Lorsque le premier album éponyme de Sun Caged est sorti en 2003, le combo néerlandais a attiré l’attention des amateurs de métal progressif, ceux-ci plaçant de nombreux espoirs dans une formation, certes très inspirée par Dream Theater, mais dont les qualités techniques laissaient augurer d’un avenir radieux une fois une route plus personnelle trouvée. Malheureusement, malgré un changement quasi-complet du line-up (Marcel Coenen restant le seul survivant à sa création), "Artemisia" (2007) montrait un groupe n’ayant pas évolué d’un iota et provoquait une déception à la hauteur des espoirs nés 4 ans auparavant. Il n’est donc pas certain que le nombre d’aficionados du genre soient encore nombreux à guetter la sortie de ce nouvel opus, d’autant que Coenen et sa bande ont encore pris leur temps.
Malheureusement, le constat reste le même que pour les prédécesseurs de ce "The Lotus Effect" à la pochette attirante : Sun Caged est un groupe à la technique sans faille mais qui n’arrive pas à sortir de l’ombre du théâtre des rêves. L’ensemble reste globalement agréable et est particulièrement bien interprété, même si le chant de Villareal montre quelques limites. Manquant de puissance lorsque certaines montées le nécessitent, le frontman a également parfois du mal à poser ses lignes, faisant preuve de relativement peu de variété. Comme tout fini par se ressembler, il en devient difficile de retenir un titre en particulier, même après plusieurs écoutes. Bien sûr, il est facile d’arguer que le style ne se prête pas aux mélodies simplistes et aux refrains facilement mémorisables, mais le problème avec Sun Caged, c’est qu’il a tendance à répéter régulièrement les mêmes structures.
Du coup, on ne retient qu’une introduction cinglante et composée de blast-beat par-ci ("Seamripper (& The Blanket Statement) " qui fait un peu illusion en début d’album), un riff un peu plus tranchant par-là ("On Again/Off Again"), ou une ambiance plus aérienne ("Lotus"). Pourtant, le quintet essaye le coup de la suite en sept parties ("Ashtamangala (The 8 Auspicious Symbols)") qui représente toute la seconde partie de l’album. Mais ce qui commence avec le moment le plus intéressant de l’album, à savoir un "Pareidolized (The Ocean In The Shell)" qui s’étend sur 10 minutes et intègre des soli de haut niveau et quelques parties mélodiques qui font penser à Pagan’s Mind, se dégonfle ensuite avec plusieurs titres (très) courts et à la cohérence plus que relative. Dommage car il y avait de toute évidence une voie à creuser.
Alors bien sûr, "The Lotus Effect" est loin d’être un mauvais album et Sun Caged provoque assez de sympathie pour que l’on s’entête à trouver des points positifs à un album qui n’en manque pas. Mais c’est tout de même l’ennui qui l’emporte, ainsi qu’un sentiment mêlant la déception de voir un tel potentiel ne pas réussir à décoller, et l’exaspération de constater que Coenen n’arrive pas à quitter le statut de sous Dream Theater alors qu’il a clairement les moyens de faire preuve de plus de personnalité. Dommage, car après 3 albums en 8 ans, il y a peu de chance qu’il reste encore du monde pour s’intéresser à la prochaine livraison de Sun Caged.