Mindflow n’en est pas à son premier coup d’essai. Originaire du Brésil, il s’était déjà fait remarqué en ces pages à deux reprises, et le chroniqueur mentionnait que sa reconnaissance internationale ne saurait tarder! Et en effet, ils sont maintenant signés par le label Nightmare qui devrait leur assurer une bonne distribution, mais aussi leur imposer des objectifs qui pourraient brider leur créativité. Ils se retrouvent donc la grosse caisse entre deux chaises avec le besoin d'assurer absolument. Le choix fut donc de ne pas sortir le nouvel album prévu "365", mais d'assembler les meilleurs du précédent opus "Destructive Device" et quelques nouveaux titres. C’est un choix toujours périlleux, car il assure une déception chez les fans de longue date sans pour autant avoir la certitude d’en conquérir de nouveaux, sans compter les risques de manque de cohérence.
Pas moins de 5 titres de "Destructive Device", paru en 2008, sont donc repris sur ce "With Bare Hands", parmi lesquels la plage introductive "Break Me Out", excellent titre power qui possède toute la vindicte du genre et, hélas, un des seuls soli de guitare de l’album. A noter aussi, l'excellente ballade atmosphérique à la Amorphis, "Breakthrough", qui pourrait bien faire un tube, mais qui dénote un peu parmi la puissance voulue du reste de l’album. Il faut avouer que tous ces titres plus anciens sont de belle qualité, mais on aurait voulu découvrir les autres qui devaient figurer sur ce "365", le vrai nouvel album avorté.
Classifié dans le métal progressif, la majorité des plages de cet opus est pourtant inférieure à 5 minutes et Mindflow semble plutôt à l’aise dans le power métal inspiré que dans les audaces progressives. Certains titres s’en rapprochent avec un parfum vocal d’Evergrey, mais ils sont rares. Peut-être "Shuffle Up And Deal", qui alterne passages lents et plus hargneux, mais Nirvana le faisait déjà il y a bien longtemps. Les influences énergétiques post-grunge à la Nickelback sont d'ailleurs omniprésentes, de même que quelques sonorités nu-métal empruntées à des groupes typiquement américains comme Limp Bizkit, flirtant avec des claviers parfois électro ("Reset The Future"). Elles font que cet album sonne résolument moderne, avec le danger de sonner tout aussi rapidement démodé.
Alors comme toujours, c’est la qualité des compos qui va faire la différence. Et dans cet univers où tout semble toujours surjoué pour absolument impressionner, quelques titres tirent leur épingle du jeu. La plage titulaire est un exemple de power-métal bien mené, qui vous emporte par ses riffs, sa rythmique et ses cassures, et puis bien sûr sa mélodie; on est au sommet du genre. "The Ride", faussement gentillet est un autre bel exemple de puissance savamment dosée, et là encore, la mélodie est sans faille. Le revers de la médaille, ce sont les titres puissants et rapides, mais un peu fatiguant, qui sont alignés sur cet album (14 plages au total). C'est beaucoup et le skud trop chargé perd en percussion, ce qui est un peu dommage.
On sent chez Mindflow, derrière un talent indiscutable, une envie de percer au niveau commercial et le label a bien flairé la chose. Pas de honte à cela, mais à force de vouloir impressionner en montrant sa capacité à manger à tous les râteliers, ils doivent faire attention à pas se casser les dents.