Metal. S’il y a bien un mec qui peut se permettre de baptiser d’un tel nom un de ses albums sans pour autant sombrer dans le ridicule à la Manowar, c’est bien le vénéré Jeff Waters, héraut modeste et talentueux. Musicien intègre et chevronné, il s’est toujours donné pour mission depuis les années 80 d’honorer les valeurs du genre malgré une tentative maladroite et donc à moitié réussie de suivre les modes avec le mollasson Set The World On Fire (1993), opus convaincant néanmoins qui coïncidera aussi avec le début de la traversée du désert pour le Canadien.
Mais depuis 2001 et le furieux Carnival Diablos, l’homme semble avoir avalé du viagra par boîte de 12. L’inspiration à nouveau fièrement dressée, il vidange des coulées métalliques chaque année (ou presque) avec la régularité de la déclaration d'impôts et surtout avec réussite. Secondé par le même chanteur depuis deux cuvées déjà (un exploit !), Waters livre avec Metal son meilleur album depuis… Depuis toujours !
En souhaitant rendre hommage à la musique de son cœur (les paroles de "Army Of One" sont, à ce titre, des plus éloquentes), le guitariste s’est déchiré en terme de composition. Usine à riffs vivante, il est qui plus est parvenu à pondre quelques unes de ses plus belles et plus efficaces lignes de gratte. Mais au-delà de ses qualités intrinsèques, si Metal a davantage attiré l’attention que ses (pourtant très réussis) prédécesseurs, c’est que chacun des titres qui le compose accueille un invité prestigieux (ou pas).
Chanteurs parfois, comme sur "Couple Suicide", qui voit copuler Danko Jones et Angela Gossow (Arch Enemy), ces guests sont presque donc essentiellement des guitaristes venus interpréter les riffs du maître avec respect et puissance. Citons notamment Jeff Loumis (Nevermore) sur l’énergique "Clown Parade", Alexi Laiho (Children Of Bodom) sur "Downright Dominate", Anders Björler (The Haunted) sur le saignant "Smothered" ou bien encore Jesper Strömblad (In Flames) sur l’épique "Haunted", la palme revenant à Mike Amott (Arch Enemy, Spiritual Beggars), dont le jeu racé confère une teinte seventies au superbe "Operation Annihilation", hurlé par Waters lui-même qui plus est. Leur joute, qui n’est pas sans évoquer les grandes heures de Scorpions, y est si jubilatoire qu’elle donne une trique d’enfer.
A peine entaché par deux titres, les deux derniers un (très léger) cran en-dessous du reste, Metal porte haut les couleurs d’un genre de toute façon éternel car forgé par des musiciens passionnés et honoré quasi religieusement par des fans qui le sont tout autant, si ce n’est plus. Un disque fun qui pourrait leur être dédié et une véritable déclaration d’amour à une musique que seule une minorité peut comprendre. Et c’est tant mieux…